samedi 24 mai 2008

Introspection psychologique ou Monologue à deux voix

- Je lui flanquerais bien une claque, à ce mioche.
 

Introspection psychologique ou monologue à deux voix.


La course au corps d'enfant.

Voilà qui m'inspire.
Voilà que je connais.
Voilà qui me parle et qui me brise.

Pourquoi gardait-elle tous ces mômes ? J'étais pourtant si jeune, mais bien moins qu'eux, il fallait qu'elle s'en occupe, elle était payée pour ça, après tout. Moi il fallait donc que je la laisse à eux, que je la partage, comme un jouet. Tu sais, quand tu avais le dos tourné, Maman, ces gosses, je les enfermais dans le couloir, sans lumière, et quand le couloir ne leur faisait plus peur, c'était dans le placard. J'ai essayé d'étouffer L., je l'ai giflé, souvent, son frère m'a roulé dessus avec son skate, bouffon ... ce fut la première fois que ma lèvre fut ouverte de façon involontaire; la deuxième eu lieu lors d'une bagarre dans la cour de l'école. Que je jouissais en les entendant hurler de douleur, de honte, de peur, de froid, d'ignorance, d'envie.

Cette sale peste de C. m'avait écrasé son poing dans la tronche.
Ca ne fait pas que du bien.


Et maintenant, c'est A., le si gentil, le si beau, le si maigre A.
Je lui donne à manger, je lui fourgue la cuillère au plus profond de son gosier, en n'oubliant pas de lui racler le palais avec le rebord. Et je lui donne sa bouillie de merdeux encore brûlante. Qu'il comprenne. Il faut qu'il mange, lui, il n'a que du poids à prendre.

Mais non, un môme c'est innocent.
C'est con, un môme.
Ca braille, ça chiale, c'est dépendant.

Je suis dépendante à Jude.
A la vodka.
Aux cigarettes russes.
A vous.

Je suis une répugnante dépendante affective, droguée par l'activité physique comme par son cutter, qui vide des bouteilles de vodka pour le plaisir de faire criser son estomac, qui roucoule derrière sa fenêtre en se demandant " elle est plus ou moins belle que moi ? " - par belle entendons mince, voire maigre - .


Au fait, j'ai menti.
La promesse, je ne pourrai pas la tenir.
Ce sera stade de dénutrition grade III.


Non, en réalité, les mômes, on les aime, parce qu'ils sont dépendants.
Voyez pourquoi j'anorexie.
Avec le corps de ce môme, qui pourra m'incriminer pour encore oser rêver ?


J'avoue, mes mots se balancent drôlement ce soir, oui, drôlement d'un humour cynique, illusoire, c'est l'alcool. Mais non, je ne suis pas ivre, morte peut-être, mais pas ivre ! Ahah !

" Si je bois ce poison qui sait si je grandirai "
Voilà, je l'ai bu, ce poison, il ne fait pas plus mal que le désinfectant sanitaire.
Il ronge.
Il ronge doucement, puis accélère, nous bouffe, nous réduit au néant.
Me révolterais-je contre ma si tendre et si sublime Jude ?
Peut-être.


Il n'a toujours pas répondu au mail.
Je me retrouve sans muse.
Voilà pourquoi mes mots sont si brouillons.
Vous comprenez mieux, j'espère.


J'étais une hors normes, ronde, intelligente, douée, intéressante, intéressée, captivante, mais laide, tellement laide quand j'étais enfant.
Tellement laide.
Pourtant ces autres me jalousaient d'être l'âme qui retienne l'attention.
Mes bouquins à la main, rien que ça.
Ca explique tout.
Ca explique pourquoi j'ai renié mes mots pour me conformer à leur monde, pour être comme eux, ne plus souffrir, inverser les rôles, ça explique pourquoi j'ai tant de mal à écrire. Pourquoi tout est si bafoué dans ces pages. Je n'avais que ça à faire, pendant les heures de récréation, lire, apprendre, et retenir.

Mon amie s'appelle Jude, je vous dis.
Les histoires n'intéressent personne.
Les contes encore moins.

J'ai toujours su que le petit chaperon rouge n'était pas rouge par hasard, j'ai toujours su que le loup ne déshabillait pas la petite fille que du regard, j'ai toujours su que les héros de la mythologie grecque étaient plus réels que les princesses et les fées.

Je n'ai pas eu d'enfance. J'ai grandi trop vite, parce qu'il le fallait bien, parce que retarder son endormissement dans le but d'écouter à la porte de ses parents le moindre sanglot étouffé, ça ce n'est pas être et vivre enfant.
Se charger de l'entretien d'un appartement et passer tout son temps avec son père, ce n'est pas une vie normale d'enfant normal.
Parce que voir son père pleurer chaque soir quand on a cet âge là, ce n'est pas normal.
Parce que vivre dans la crainte de leurs larmes, ce n'est pas normal.
Parce que prendre sa mère dans les bras en pleine crise d'angoisse en pleine nuit et lui dire " je t'aime " pour la seule fois de sa vie à ce moment-là, ce n'est pas normal.

Parce que vouloir mourir pour ne pas avoir à souffrir de leur douleur, ça c'est normal.
Mais c'est bien fou.


C'est bien fou.
D'être amoureuse de l'amour.

C'est bien fou.
D'être amoureuse de son demi-frère qui en fait ne l'est pas.

C'est bien fou.
D'avoir souhaité la mort de sa mère malade pour ne plus à avoir à jouer son rôle.

C'est bien fou.
D'être folle et d'aimer sa folie.

C'est surtout bien con de devoir être à moitié bourrée pour oser écrire ça.

Je ferais un très mauvais psy.


Oups.