lundi 28 décembre 2009

Cet ailleurs toujours venant...

Être assaillie
Ventre à terre
Les mains en poussière
Le cœur battu
Voir ailleurs
L’homme et le père
Et cette âme noire
Au fond des yeux
Peu de mots
Car peu de vie
Peu de rires
Que l’on compare aux larmes
Une musique avec des paroles d’autres
Pour combler l’inspiration
Qui semble ailleurs, partie elle aussi
Je ne sais si je serai à la hauteur de mes attentes
Je ne sais pourquoi cette réticence
Une répulsion d’un jour qui s’étend
Aimerais-je le tout ?
L’homme et le père
Le doux et le violent
L’ingratitude et l’entière compréhension
Mes rimes ne sont pas simples
Elles sont inexistantes
Je doute de l’amour, de la force de son chant
Je doute des jours à venir
Mon cœur pleure, je l’entends
Parce qu’un jour il m’a appris à lire
Ce qui  était écrit en dedans
En dedans partout son nom foisonne
Et mes craintes sont l’érosion qui abime la pierre
Les peintures s’en vont
Le sable est blanc
J’aimerai être ce champ battu par les vents
Les centaures grossiers qui parcourent les villes
Les ardeurs profitant de l’absence de bien
Pour projeter en pleine gueule leur venin d’infâme
Ces pourritures de malheur
Ces déchets regrettables
Le regard de malice
Et les doigts agrippant
J’aimerai être la femme
Mais ne suis qu’un substitut d’enfant
Qui parle en singe savant
D’expériences non vécues
D’inconnus voyages
De délires de vieillards
La bouche sèche
Le cœur lourd
Gros lui aussi
Un parallèle sans autre monde
Que celui contre lui demain
Ce sera avec ou sans
Sans ma vie alors
Sans mes rires déjà partant
Dans cet ailleurs
Dans cet ailleurs toujours venant.

mercredi 16 décembre 2009

Gel au dessous du navire

Ici, la neige est la même qu’ailleurs,
Là-bas,
Ses reflets ne sont rien que des battements d’ailes écœurés par le bitume,
La même chaleur dans les sous-sols,
Partout la même pourriture
Alors que les regards parsèment le vide.
La volupté d’un envol au-delà même de cette couche,
Que marquent les pas trop pressés d’une trop large foule.
Un hématome sur le bras, des lèvres ecchymoses
D’un homme que l’on bouscule
De ce sourire qui nargue le froid
Tout ici est fantôme et je me ris de toi.
De ce corps qui s’essouffle,
De cette bouche qui parfume l’air
De ces chants qui ne se retiennent pas.
Je bois l’eau du vase et la vase de cette eau,
J’ai l’âme en fuite et j’en veux au cerveau
De traiter ma mémoire d’inceste parodie.

vendredi 27 novembre 2009

Le semblant enfant


Je vois des maisons que recouvre le temps
Et des lions de pierre sur les murs des pontons.
Le jour recommence et mon cœur se plaint que la nuit ne dure toujours, son sein contre le mien.
 
Je vois l’enfant qui court et se retourne vers moi,
Me fais signe de la main,
Il sourit.
Ses boucles rebondissent dans sa course, il trébuche, se relève
Amèrement,
Me regarde encore, met un doigt sur ses lèvres,
Une larme traverse sa joue.
Je le vois.
Je luis souris à mon tour et alors il s’en va, courant, heureux, je crois.
 
Je reste là.
Ma tête tournée vers ce qui était lui,
Ses rires me manquent, je crois.
 
L’arbre n’a plus de feuilles
Je ne vois plus les yeux de l’enfant
Ils brillaient hier, pourtant…
Je l’ai reconnu cette nuit, il était là, sur mon épaule,
Me pardonnant de l’avoir maudit.
 
J’ai trébuché à sa vue, il a rit.
J’ai versé une larme, m’a regardé
Puis est parti. De nouveau.
Il était beau. Moi j’étais triste.
 
Les lions se reposent maintenant, sous les branches des arbres, entre l’herbe et le ciel, et le tas de feuilles.
Les rosiers sont en fleurs.

jeudi 26 novembre 2009

La figurine


Et les feuilles mortes sont comme des mains tendues vers l’abîme
Je ne veux plus d’amours mortes
Et mon ciel prend alors l’allure d’une figurine
J’approche mes lèvres de la vie
Et lui donne un baiser ultime
Un soupir qui m’apaise
Ce cœur à jamais trop fragile.

On marche sur les tas  feuilles
Humectant leur odeur de nature pourrie
Si tendre à mes narines
Et la pluie même se confond en chant sonore.

Je veux l’accalmie qu’offrent les premiers rayons d’un soleil assombri
Il brille en mon cœur
Qui parfois pleure, d’en avoir trop appris.

C’est de cet amour timide et pudique
Qu’il se veut, l’organe, sur la table posé, mis à nu sans sourire.
Devant ce qui fût sa peur.

Il en va aujourd’hui
De ces mêmes mains mortes
Qui une fois décomposées
Veulent redonner la vie.

samedi 21 novembre 2009

Il est des jours

Il est des jours qui nous rappellent avec une violente ignorance notre insignifiance. Ce sont de ces jours longs qu’ordonnent l’ennui et l’impuissance. Aucune illustration nécessaire autre qu’une absente, puisque rien du beau qu’auraient pût être ces heures ne s’est laissé attendre. Et alors les minutes traînent, se déploient à agresser notre patience jusqu’à ce que le sommeil abrège leur lenteur… L’inutilité règne en maître.

mercredi 18 novembre 2009

Ma Grande


Depuis, elle semble ne plus exister.
Je me suis toujours demandé comment une mère pouvait se remettre de la mort de son enfant. J’ai compris qu’elle ne s’en remettait pas.
Aujourd’hui il m’est devenu impossible de croire à la véracité de ses sourires.
Aujourd’hui je crois que le mal, celui qui nous tue, est irrémédiable. Que le temps ne sert qu’à creuser doucement le trou pour lesquelles nos dents servent de pelle. Les larmes arrosent les chrysanthèmes, et le soleil n’est plus que prétexte au recueillement.
Je revois son visage, insoutenable, et son amour toujours indemne, les caresses, les baisers, les blagues pour faire rire un corps sans plus de lèvres. Je redoute sa présence, parce que je ne crois pas en la feinte de sa joie retrouvée, je la vois qui s’encrasse dans la solitude, qui tombe devant chaque difficulté, si anodine pourtant comparée au deuil… Je me demande alors jusqu’à quand elle tiendra, jusqu’à quand il lui sera supportable de vivre ainsi, morte.
Il est des fois où je me sens coupable de ne pouvoir qu’envisager sa peine, je la vois grande, si grande, elle qui n’était encore qu’une gamine dans sa tête…
La gamine qui souriait tout le temps, qui était la gaieté même, l’ambiance chaleureuse et le répondant valeureux. La gamine est enterrée avec l’être auquel elle a donné le jour.

Parfois je l’observe, dans toute sa grandeur nouvellement née. Je l’observe et parfois je regarde. Ses yeux vides d’absence.
Quels mots se dit-elle ? Pour vivre encore ? Elle ne craint plus la mort m’a-t-elle dit, et elle parle de son Titi comme d’un sauveur à sa propre tombe. Et devant cela, il n’y a que l’impuissance, ou le regard en coin que la lâcheté ne permet  d’assumer entièrement. Pourquoi regarder ainsi la mère d’un enfant mort ?
Ses mots souvent me reviennent en mémoire… les lèvres bleues, le corps froid, les yeux s’enfonçant, les membres se raidissant… Vient ensuite les veillées, la présentation du défunt à la famille, sans craquer, parce qu’il ne faut pas que Bébé la voit triste… Et enfin les rejets du Petit, qui sans encore parler faisait non de la tête quant à appeler l’ambulance. Et elle était là, l’a vu  mourir, comme l’on regarde une feuille qui tombe sans pouvoir la retenir. Elle était, oserais-je dire là du début à la fin… Grande, mon Dieu, qu’elle dût être Grande pour surmonter tout çà…
Et moi si petite, son envie de se vivre me fait peur.

vendredi 30 octobre 2009

Sobriété


Sobriété mutée en de pareilles futiles
Que le jour s’endort.
Plainte craintive d’un silence épanoui
Dans le trait mal assorti de mes lignes.
Imparfaite sonore et spirante labiale
Voir en cette heure une fin de journée qui commence
Perdre l’accès à la prépondérance
Evanouir de remord le parchemin du vide
Et l’ampoule qui implore le contentement de sa mèche.
Le voile jette l’ombre sur l’opposé à terme
D’une main onglée de cire
Qui parsème le glauque sur un parterre de verre.
Le pas arrive, qui s’accélère
S’employant à rire du pavé
Et les paroles qui se moquent
Se pâment de l’ivresse des employés.
Ridicule de l’insignifiance
Je roule en boule vers qui me pense
Le laissant là, attendant
Que ma marche s’adonne à sa délivrance.
Et je pleure.

mercredi 28 octobre 2009

L'anneau

J’ai rêvé d’un homme qui portait à la main gauche un anneau
Mais j’ai cessé d’espérer.

J’ai fait depuis le choix de me contenter de la présence de l’être à mes côtés, de ses sourires et nos plaisirs à ne faire qu’être ensemble.
Je ne parlerais pas de déception mais uniquement de redéfinition du mot,
Moins beau, moins pure, différent de tout idéal.
Mais nécessaire.
Je ne parlerai plus que d’essentiel
Qui au fond de moi fait renaître ce rêve, d’avoir à mon doigt le symbole d’une union que ne pourrait rompre que la mort…

Si seulement…
Je pouvais arrêter de rêver
Et ne faire enfin qu’accepter.

mardi 27 octobre 2009

Le Soleil Meurt

Confiance abattue, regret d’une ligne,
Un pas en arrière, vers ce qui fut demain
Nostalgie peu amère de cet autre et sa main.

Incompréhension, comble d’une tentative
Poursuivant l’effort qui jamais ne s’estompe
Regarder l’étoile mourir et le ciel la pleurer
C’est une nouvelle place à prendre après s’être retiré

Qu’en est-il de ce sexe que tout devait indifférer ?
Qu’en est-il de ce corps qui ne désirait se laisser toucher ?

Et le bleu n’existe pas plus que le rouge
Le noir est inexistant et la transparence se repose
Ma peau est dans le manque de cet abandon serein
Cette pensée de lui sans nulle autre en son sein.

J’ai aimé sourire à le regarder dormir
J’ai coulé bien souvent lorsque l’inattention atterrait
Être là sans réel autre désir
D’être l’unique en canon de ces mots détruisant

Aujourd’hui le soleil est pareil à l’étoile,
Il jette un regard sans amour sur ce qui est labeur
Un différent encore sur ce qui est danger,
Il se lasse et il meurt, d’entre ses émotions se noyer,
Chavirement de la coque qui n’en peux plus de ramer

Il s’est menti, en croyant apercevoir la rive
L’apaisement soudain, attendu des cimes
Sans plus aucun contraste de mal suspicion,
Il s’est menti hier en croyant apercevoir la rive.

Aujourd’hui le soleil  meurt et n’a trouvé d’autre ciel que mes yeux pour le regarder mourir.

Imparfaite élégie

 Je suis l’épousée manifeste d’un cadavre incertain,
L’écorchée de trop de rires et l’amante orpheline
La sûreté déconcertante
Et la perfection restant à prouver.
 
Je suis l’inanimé portant la chute de l’amputé
Un remous dans le profond de l’eau
Un caillou dans le pied
Un naufragé miraculeux de ce trou noir qu’est son cœur
Une plaie béante de saletés où l’âme se perd à oser espérer.
 
Je suis le lierre qui s’accroche au mur dont les pierres croulent sous le poids du monde.
 
Je suis l’astre qui subit son éternité
Et le Dieu qui se lasse de jouer aux poupées.
 
Je suis l’être au sourire mutilé, au rire factice et à la pensée nouée.
 
Je suis cet arbre sans écorce que je me plaisais à dessiner,
Ce portrait sans contour
Cette photo sans image.
 
Ce quai déserté par les trains déjà morts.

jeudi 22 octobre 2009

Inceste


Un sursaut qui me fait reprendre le stylo pour éviter un nouvel assoupissement. Il fait encore nuit dehors et le stress de cette journée à venir me fait redouter le temps qui traîne.  

 
C’était le matin, surtout, pendant qu’ils dormaient encore.
C’était la nuit, parfois, après s’être assurée de leur endormissement.
C’était pendant leur absence, tout le temps, à chaque fois.
 
Je ne me souviens pas de mon âge mais ai gardé en mémoire le sien, à cette époque. Un âge approximatif. On finit par oublier ce qu’on refoule.
Le plus souvent, le matin et la nuit surtout, cela se passait dans ma chambre. Notre chambre, pour être plus juste. On fermait la porte, prenions le chien qui dormait à mes pieds, dans le lit du bas. La pièce n’était pas grande, juste assez de place pour un lit, que l’on avait superposé sur un autre, un bureau qui n’était pas le mien et un meuble à télé, dans lequel était la chaîne hifi, qui n’était pas la mienne. Moi, j’avais un petit poste radio que je cachais sous mon oreiller et que j’écoutais avec un casque pour m’endormir.
Vanda devait avoir quinze ans, peut être moins, en fait. Moi six de moins et nous jouions. Nous jouions aux jeux de rôles. Vanda était sur le lit du haut, les parents me pensaient trop jeune pour arriver seule à monter et descendre de l’échelle, surtout la nuit, parce que je portais des lunettes que j’enlevais pour aller me coucher. L’appartement n’était pas grand, nous partagions donc la chambre du fond, celle qui donnait sur le balcon. Je me souviens que nous la décorions, Vanda et moi, de toutes les façons possibles en fonction des périodes de l’année. C’était des fantômes et des sorcières pour l’automne, des guirlandes au plafond l’hiver, des cloches pour le printemps et des poissons multicolores renchéris de peluches sur des étagères l’été. Sans oublier les posters des chanteurs préférés de Vanda et ceux de chevaux sur mon mur. Oui, sur mon mur, parce que çà aussi nous devions nous le partager. Un mur était à Vanda, le plus grand, celui contre lequel était le bureau, et l’autre était à moi, celui contre lequel reposaient les lits, en face de la porte d’entrée. Le troisième mur était un placard mural sur toute sa longueur et le dernier n’était que les hautes et larges fenêtres qui menaient au balcon. C’était la pièce la plus chauffée de l’appartement et le matin, j’aimais monter sur le lit de Vanda, ayant pris soin auparavant d’ouvrir les volets, pour regarder le lever du soleil. Je montais le chien avec moi et m’asseyais au bord de l’échelle pour ne pas risquer qu’il ne tombe.
Mon autre sœur, notre aînée, suivait alors une formation de toiletteur canin à Mulhouse. Je me rappelle ce jour où, avec mon père, je l’avais accompagné à la gare. C’était la première fois que je voyais des trains d’aussi près. Quand le sien se mit à démarrer, j’ai eu comme une perte d’équilibre en croyant que c’était moi qui bougeais sur le quai !
A la maison, nous n’étions donc plus que quatre, Vanda, mes deux parents et moi.
 
Vanda était belle, tout le monde le disait. Moi j’étais, à comparer, comme le vilain petit canard qui n’excellait que par sa capacité de mémorisation.
Comme je l’ai dit plus haut, Vanda et moi jouions. Elle restait sur son lit et me donnait les consignes, les règles du jeu. Moi j’attendais en bas, en l’écoutant, pour que ce que je fasse lui convienne. Elle me disait de me mettre dans la peau d’un serveur, d’un passant inconnu, d’un routier, parfois même dans celle d’un violeur. Je devais alors inventer tout un scénario, auquel elle me donnait à coup sur la réplique. Je devais parvenir à un parfait jeu de séduction. Je devais, de mon envergure de petite fille, draguer ma sœur, bonnement et simplement. Une fois parvenue à la « séduire » en lui disant des mots dont j’ignorais le sens, elle prenait le pouvoir, me permettait de monter, moi l’homme que j’étais en ces instants, sur son lit. Et alors, elle me demandait de commencer par la déshabiller, puis de la caresser, tout en continuant mon jeu d’actrice. Mes mains innocentes parcouraient sa nuque, ses seins qui n’étaient pas encore formés, mais elle jamais ne me touchait. Je m’allongeais sur elle, nue mon tour, selon ses consignes. Il arrivait qu’elle me demande d’embrasser son pubis tout nouvellement pourvu d’un duvet de poils. Et moi, je faisais tout, innocemment, croyant ce jeu tout autant innocent que l’était encore mon âme, ne pouvant soupçonner l’interdit de ces pratiques, ignorant tout des corps.
Je jouais, comme avec une poupée, j’inventais une histoire que l’on m’avait suggérée et je touchais le sexe de ma sœur comme j’aurais pris sa main.
 
Une fois, mon père au travail, ma mère regardait la télévision au salon, ma sœur ferma la porte du couloir puis celle de notre chambre, ayant dit à ma mère que nos allions faire une sieste. On ferma les volets et le jeu recommença. Je rigolais à tue-tête, nue contre le corps nu de ma sœur. Je ne sais si ce fût mon rire qui attira l’attention de ma mère mais elle entra dans la chambre sans frapper et nous surpris, moi sur Vanda, dans le plus simple appareil, moi tout sourire, Vanda la peur sur le visage.
Ma mère nous sépara en nous traitant de folles, nous disant que nous n’étions pas bien, avec un air outré, presque vexé. Je redescendais dans mon lit, ma mère quitta la chambre en colère en laissant cette fois-ci les deux portes ouvertes. J’entendais Vanda pleurer sans rien comprendre à ce qu’il se passait.
Quel mal y avait-il à jouer ?
 
Après cet épisode, nous rejouions uniquement pendant l’absence de nos parents, lorsque nous étions seules, comme pour nous occuper, ou uniquement encore par habitude. Mais le corps de Vanda changeait à vue d’œil et il était des fois où, quand je lui demandais de jouer, elle rejetait ma demande. Et ce jeu me manquait.
Je cherchais quel plaisir Vanda pouvait avoir à faire des choses qu’on nous interdisait de faire. C’est là que je commençai l’exploration de mon propre corps. Mes mains allèrent dans chaque recoin inconnu jusqu’alors, se parcouraient elles-mêmes et finirent par découvrir le plaisir qu’elles pouvaient me donner.
Vanda eu ses premières menstruations à l’âge de seize ans. Petit à petit, le jeu s’estompait et se faisait de plus en plus rare, jusqu’à finir par devenir inexistant. Vanda avait grandit, son corps s’était transformé et les nouvelles formes qu’il laissait deviner me donnaient encore davantage envie de jouer.
 
Plus tard, j’eu de gros maux de ventre et je me revois empiler des oreillers sous mon ventre, tête appuyée contre le matelas. C’était le seul moyen que j’avais trouvé pour atténuer un peu mes douleurs. Je profitais de ces moments pour poser un oreiller, ou parfois même une peluche, juste là, entre mes jambes, que je serrais alors, comme si mon sexe aussi avait eu mal.
Un jour que nous étions seules, Vanda dans la chambre, moi au salon, je ressenti ma première véritable humiliation. J’étais là, allongée sur le canapé, frottant mon sexe comme dans un mouvement de masturbation infantile et ma sœur m’a surpris, là, en train de faire ce que j’étais en train de faire. Elle me traita de dégueulasse, elle qui une année avant à peine me faisait la toucher sans jamais répondre au désir d’inversion des rôles que je réclamais de plus en plus souvent.
 
Aujourd’hui je ne sais si j’invente ou non cette histoire, à force de vouloir l’oublier je doute de sa réelle existence. Je me rappelle m’être servi de cette « histoire », une fois compris tout le mal qu’elle représentait, pour faire pression sur cette sœur.
Depuis ce jour, ce jour où Vanda m’inculqua malgré elle le mal qu’il y avait à se faire du bien, elle et moi avons fait comme si rien de tout cela ne s’était jamais passé.
Aujourd’hui je me demande en quoi cet épisode incestueux de ma vie peut jouer un rôle sur mes idées et mes peurs associées et incomprises. Du jour où j’ai compris, bien des années plus tard, de quoi il ressortissait de ces pratiques, je n’ai plus jamais joué mais ai continué sans plus m’arrêter cette exploration de mon corps que je voyais se muter en parfaite arme. Je continuais ce mouvement de moi à moi dans la honte, suivant, une fois ma chambre personnelle acquise, les habitudes instituées par Vanda. Je me suis détesté longtemps, pour aimer tant une chose que l’une de mes sœurs vilement, m’avait instruit. Je ne me souviens pas en avoir souffert le temps de son approbation, je me souviens avoir souffert de mon incompréhension et de ma dépossession. Ce de quoi je souffre aujourd’hui est la méconnaissance du regard que je me devrais de poser sur ma sœur. Je souffre sans véritable mal, sans lui en vouloir de quoi que ce soit, sans lui en tenir une quelconque rigueur. Le pire, ou le mieux, est que je ne ressens aucun remord, aucune rancœur, juste une complicité à taire que je partage avec elle, une complicité contraire à la dite vertu humaine…

mardi 20 octobre 2009

Il est des rives

Il est des rives que l’on ne parvient à voir les paupières closes,
Et d’autres qui se laissent toucher d’un doigt mort.
Il est des feuilles qui tombent et jamais ne se posent,
Comme le ferait l’excellence au soupir d’un remord.
Existe-t-il autre part d’autres manières de dire les choses ?
Je m’essaie ici à un genre dont l’ignorance caractérise mes mots.
Et eux-mêmes, que sont-ils ?
Si ce n’est qu’un imparfait assemblage de signes s’alignant à l’insignifiance ?
Il est de ces mots qui dépeignent des lieux et de ces lieux où il fait bon de naître.
Dis-moi pourquoi, quand je ferme les yeux, aucun de ces lieux ne m’incite plus à être ?

samedi 5 septembre 2009

Education de Femme

Ce n’est pas à force d’un trop plein de lectures en tous genres à condenser mais d’un trop lourd poids de mots à porter que je raye ces pages. Voyez-les comme  une terre d’exil où nulle fleur de bien ou de malheur ne vient après rosée pâlir un ciel déjà sans forme.
Il est à vrai dire peu de choses à raconter mais bien des points de vue à aborder, à saborder parfois. Qu’importe alors que je mêle le factice au réel, tout sans exception m’aura avant dure réflexion traversé l’esprit ne serait-ce qu’une seconde. D’autres de ces approches seront une lutte interminable contre des contradictions semblant nous être innées, à nous femmes et hommes, à force de ressassements et de bourrages de crâne tout aussi acharnés. A la vue de ce qu’il me reste à entreprendre j’ai la légitime envie de ne faire que m’arrêter là, vous laissant ainsi que moi dans l’insatisfaction d’une toute insoupçonnée tromperie. Je ressentirais alors la jouissance d’un pied qui écrase de toute la lourdeur de son pas la coquille si frêle de l’escargot de campagne venu se perdre sur la basse chaussée d’un trottoir parisien. Ma conscience me tiraillerait comme l’infâme tiraille les ventres vides des mendiants mourrant au bord des berges. Je pourrais m’arrêter là, tout juste après avoir commencé ce récit que je souhaite être lu en tant que lettre, et me dire qu’étaler sa dite intelligence sur papier relève d’un pur élan d’égocentrisme mal contenu. Ce serait la tête pleine de ce vide qui vous laisse ébahit devant une nuit sans couleur que je resterais, assise à même le sol, attendant, sans avoir d’autres choix, que le jour se lève enfin sur le gris de la ville qui sommeille encore.
Pousser un cri qui ressemble à un râle d’animal que l’on bat pour avoir voler les restes du repas de la veille, se frotter alors les yeux avec ses poings fermés au cas où vandale tenterait une rencontre mal convenue, achever finalement sa prise de conscience dans un bâillement qui rappellerait à l’aveugle le son de l’air dans les conduits d’aération. Je pourrais, l’évidence du pouvoir de l’auteur s’inscrit ici dans toute sa versatile splendeur. Vous seriez vexés et moi dans le manque de me raconter moi-même. Je ne dis pas qu’il est bénéfique de s’exposer sans pudeur ni tabous devant un public mené uniquement par une sorte de curiosité malsaine, mais il est parfois bon de mettre à jour certaines vérités et suppositions qui pourraient, en nuisant à un sexe, servir d’abécédaire à l’autre. J’engage mes paroles à n’être que simples et banales observations et relèves des topos concernant l’individu en tant que sexes, différenciés dans leurs rapports selon qu’ils soient nés mâles ou femelles, femmes et mères, hommes et pères. Aucune attaque ni insulte détournée dans ce qui va suivre, un quelconque abandon de la pensée au service de la pédagogie, sorte de divan sans observateur autre que le papier. Une parcelle de vie qui s’étale par endroits sans savoir réellement le pourquoi de son action, peut-être un besoin de comprendre l’environnement qui l’entoure, les êtres qui le composent, les contradictions qui ne cessent de se faire face et qui parviennent à nous faire chuter du nuage que l’on nomme illusion. Ceci n’est pas un conte pour enfant, juste une histoire à dormir debout tant elle n’est autre que la peinture des êtres que nous sommes. Phrase après phrase je deviendrai la bête noire de la gent masculine et pour ces dames le marionnettiste qui s’amuse à couper les fils de sa poupée dans le seul but de prendre plaisir à la voir se rétamer, humiliée, sur la scène. 
 

dimanche 2 août 2009

Résidu intime


Parce qu’aux yeux de tous
Sa pupille anonyme
Défiait le temps comme le vieillard la mort
Il était le résidu intime
D’une rencontre malheureuse
Où oreilles et lèvres fines
S’étreignirent sans un souffle.
Ni vie, ni jouissance
Juste un cri après moult fractures
Erreur d’un jour
Où l’homme confondit
Un sourire avec la nuit.

jeudi 16 juillet 2009

Prise de parole de l'égo d'un sexe

Voilà déjà deux fois que j’efface mes mots tant ils ne veulent rien dire, ou disent si mal qu’ils m’obligent à me contenter d’une parcelle de savoir de ma personne.
Je fais bien mieux d’ordinaire, peut-être ai-je simplement perdu l’habitude de l’usage, peut-être que ces successions de syllabes préfèrent être tues comme je devrais parfois me taire. Je ne sais plus, à ce sujet, si je fais encore bien de prononcer quelques paroles. Je ne sais si parfois je ferais mieux de laisser aller le courant sans me jeter en pleines eaux.
Je ne sais si j’ai agréablement dormi cette nuit, tout ce que je sais c’est que finalement je ne sais pas grand-chose.
Pas grand-chose venant de trop de choses que j’ignore, que j’imagine alors, ou que je sais, mais pensant ces réponses improbables je n’ose les croire vraies et m’en raconte d’autres, plus conformes à ce qui pourrait être cru. Il est des maux qui bloquent les gestes, des paroles qui bloquent les mots. Parler n’a jamais été mon fort, écrire est une manière silencieuse de parler. Aujourd’hui je ne peux que repenser à hier, hier qui m’a fait forcé le sommeil, m’échapper de ce lieu qu’est notre monde pour m’abriter d’un regard que je ne suis en mesure de comprendre, de relever, que je ne peux même accepter tellement je m’en sens indigne. Hier je n’ai su, encore, assouvir ses envies, ses désirs, mon corps semblant se résumer à mes seules tête et pensées. Ce matin j’ai comme le goût de l’alcool qui me rappelle à lui, qui me tente, juste pour enfin être moi sans plus aucun contrôle. Parfois je me dis qu’à trop vouloir contrôler ce corps j’ai réussi à faire que ce soit lui qui me contrôle. Quand je dis corps j’entends tête et pensées, qu’enfin par erreur de mélange ma volonté se retourne contre moi d’une quelconque façon.
 Je fabule. Et pourtant. Je n’ai sais pourquoi le sexe a une telle importance entre les individus, pourquoi c’est dans ce domaine que l’on peut ressentir la plus grande sensation d’échec et d’insatisfaction. Peut-être parce qu’initialement et finalement nous ne sommes que çà, des corps, et que même sans raisonnement il y a encore ce corps, ce support de l’être, et que si l’on se sent en ce domaine ne rien valoir, ce si primitif et basique domaine, que l’on ne peut se sentir valoir autre chose dans tout autre domaine. Il serait comme les fondements de l’édifice, et le bâtisseur sait que sa maison ne résistera aux vents si les fondations ne tiennent pas debout. D’un côté je me dis çà, et de l’autre je vois la finalité, une vulgaire enveloppe pourrissant entre six planches de bois, la dépravation des pores qui constituaient notre peau, la méconnaissance d’un visage, la répugnance à venir de notre chair. Et alors je ne vois rien de si fondamental en le corps.
J’ai parfois envie de renoncer à lui, tant je le vois me malmener, ou l’être lui-même par ces pensées insatiables. Hier donc j’ai eu mal, comme l’un de ceux qui blessent et laissent des traces pour que l’on puisse en tirer les leçons. Je n’ai pas eu mal à cause de la forme, que je trouvais plus que justifiée. J’ai accepté que jamais je ne pourrais même si je le voulais assouvir entièrement un homme. D’autant plus que cet homme est sans cesse, et cela pour ma plus grande fierté, attiré par ce même corps qui se permet, guidé par une réflexion malsaine, de le rejeter. Le fond m’a blessé. Etre là, allongée près d’un homme que l’on aime et désire, ne pas parvenir à satisfaire son envie et besoin sexuel, et le voir, ou plutôt l’entendre, parce qu’on n’a pas eu d’autre choix pour sa conscience de le lui permettre,  se faire plaisir à lui-même, seul, allongé à quelques centimètres de l’objet convoité qui ne répond pas de manière satisfaisante à sa demande, ses attentes, espoirs et envies. Dans la forme je n’ai rien entendu d’autre qu’un homme se masturbant, comme je pourrait moi-même le faire, à lui ou à moi par ailleurs, sa vue de manière générale ne peut que me réjouir, tant je sais que c’est à ma vue qu’est née son envie. Mais derrière tout çà, je vois un couple, unis depuis une année seulement, rencontrant des failles dans un domaine prépondérant pour son maintien. Je vois un homme qui désire une femme, qui le lui fait savoir, la caresse, la touche, tente de devenir à son tour désiré dans son regard, et s’apercevoir que sa main touche en fait une statue, et sentant la froideur de la pierre, s’en va alors renonçant. Je vois une femme, qui est tellement peu sûre d’elle, et qui pourtant connaît et accepte désormais l’effet de son corps sur cet homme, qui reste de marbre face à cet objet de fascination que cet homme lui inspire. Tant que ses pensées, ses analyses, ses questionnements la bloquent, et bloquent jusqu’à l’homme qui se permet de lui poser ces questions qui le tourmentent et polluent son esprit. Alors la femme voyant son incompétence,-car que pourrait-elle faire de plus pour que son ressenti intérieur déferle sur le rendu extérieur pour que ces doutes ne soient plus ?- est déçue d’elle-même, de décevoir, de ne pas répondre aux désirs, envies et attentes de cet homme alors que c’est là et seulement là que réside ses efforts, que c’est dans ce seul et unique but qu’elle s’interroge et pleure à l’intérieur. Comme la femme n’est juste pas capable, l’homme se donne les moyens de sa jouissance. Et la femme repense alors aux motivations de ces moyens que se donnait l’homme en question, et se dit un peu trop tard que souffrir en ce domaine est bien la seule récompense à ses actes propres. Cela rend les choses plus dures, mais enfin compréhensibles, acceptables, loin par contre d’être plaisantes, mêmes plutôt rabaissantes, humiliantes, mais tellement fondées, puisque l’objet convoité est juste incapable de répondre à la convoitise qu’il inspire.
Quoi de plus normal, logique alors ?

Parfois en pensant à tout çà je me dis que mes efforts jamais ne me satisferont, que le temps des ajustements et réajustements n’a pas de fin, que je dois m’attendre à d’autres souffrances à valeur de pénitence, sentence, châtiment à mon incapacité. Je me dis d’autres fois qu’avoir un beau corps paralyse le droit à l’erreur que l’on se fixe, se permet en soi-même. Que je suis gauche, inimaginative, plate. Que l’ennui est ce qui est réservé à l’homme qui se veut auprès de moi, et qu’alors j’ai plus d’envie autre que celle de renoncer… Ne proposant rien, n’apportant rien, me laisser faire, aller où voguent les envies de cet être si aimé, pour ne plus décevoir, ne plus le mener moi-même vers ces chemins que je me sais horrifier, non pas par dégoût, mais par peur, par simple peur que cela soit meilleur, ailleurs… 
Et alors je vois le vice du cercle, une reprise de confiance, qui augmente et améliore la vision que l’on a de soi, avant un nouvel effondrement de son ego, qui n’est rien d’autre qu’une fierté personnelle, entre satisfaction et orgueil, et qui entraîne une fois encore une chute dont on se sait d’avance amoché, entaillé, et dont surtout il va falloir se relever. Et cela fait d’autant plus mal que l’on s’est cru à un moment être monté un peu plus haut, on se dit que l’on a bien eu tort, de se penser comme nous pensent certains autres, que l’effort qui va suivre pour oser les croire à nouveau en connaissant cette fois-ci le risque de chute va être rude, ardu, sans cesse, et que cela use, que cela à force de déception nous mène au renoncement, à la lassitude, à un malaise qui nous bouffe et que l’on a juste envie d’envoyer valser…

vendredi 26 juin 2009

Le ciel a retenu ses larmes

On parle de mort comme on sirote un bon vin.
Avec délectation et envie que ça dure encore.

Hier un homme se tenait debout, faisant aller et venir une coccinelle entre ses mains.
Ignoré, moi je ne voyais que lui. Il en prenait soin.
Comme je le prends à m’asseoir toujours du bon côté du compartiment, dans le sens de la marche, rive  gauche pour le retour et droite pour l’aller.
Pour voir le ruisseau et l’étendue d’herbe accompagner la durée. Le trajet est moins long quand on ne regarde rien, rien d’autre que le fond de la toile, comme par envie de s’y projeter, s’y voir vivre, simplement s’imaginer. Entre le fleuve de verdure et la pelouse de rosée. Vent dans les tempes qui ne sait où s’échouer.

Ce matin le ciel a retenu ses larmes. Il était d’un jaune qu’assombrissaient des paupières lourdes de couleurs.
Mes mots se ressemblent en ce moment de deuxième éveil. Peut-être devrai-je me rendormir à nouveau, ou continuer à noircir cette page le temps que ces va et vient prennent enfin le parti de ternir cette blancheur.
Voilà que je m’insatisfais. Il faut s’entraîner, parait-il, pour ne pas perdre la main, comme on s’accroche à un rêve, à une déception passée que l’on entretient, à un chantage vandale qui fait se rencontrer le lettré et le primate. Il est même des chats qui s’en arrachent les griffes, et des coussinets qui les pleurent. Un pelage qui les regrette. Je me voudrais incohérente pour que plus beau soit mon texte. Mais je me suis trop efforcé ces dernières heures à organisé mes pensée de façon ordonnée, ou ordinaire, banale introduction versatique.
J’aurai aimé avoir le cœur à écrire que je l’aime, toujours, des mots sincères que je ne souhaite que trop et jamais assez lui dire. Qu’il les caresse comme ma main caresse mon envie d’arracher à ma mémoire certains souvenirs trop usés. Oui j’aurai aimé, et à la place voilà ce qui s’inscrit, des mots dans toute leur splendeur, celle de prendre beaucoup de place et de finalement ne pas dire grand-chose, des mots qui viennent, sans raison, se posent, restent et qui ne veulent rien dire qu’ils ne peuvent eux-mêmes éprouver. 

jeudi 18 juin 2009

Le non-temps de la mise en page

Un titre d'une effrayante banalité pour un article tout aussi effrayant.
La première chose que j'ai voulu faire ce matin à été de pleurer.
Renier tout ce qui m'éloigne de mon essentiel.

Etre là, quatre heures durant, devant une copie blanche que l'on se doit de noircir pour ne pas se ressentir comme étant dans l'échec et pourtant.
Pourtant les rires ont éclatés de toute part hier, pendant que j'étais là à esperer connaitre ces mêmes rires un jour, pour des notes, une image que j'aimerai donner et avoir de moi, pour le simple besoin de correspondre, répondre aux consignes selon les critères des consigants eux-mêmes, qui soit dit en passant, ne savent que faire de tendre une main aux recalés de première session.
On révise alors, histoire de... parce que l'on y croit, et l'on se farcit des épreuves, toutes nous mettant une pression pas possible, le temps compté, le barême, l'écriture lisible pour ne pas les obliger à forcer sur leurs yeux.

J'en ai juste marre de me lever ce matin encore, en me convainquant que mes pas de ce début de journée me mèneront quelque part en me disant que peut-être, le possible reste encore, occulté.

4h15 et je me lève.
Je prendrai mon train à 6h19 pour ne pas être en retard à ma première épreuve du jour.
Epreuve, que l'on me cherche la définition de ce mot-là aussi...

Bref, fatiguée que l'on me prenne ma vie partiellement, sans faux jeux de mots, fatiguée de devoir quitter ce matin le lit dans lequel il dort, ne pas pouvoir assister à son réveil, être dans un stress qui en devient normal, vivre l'effort de ne pas y penser, pour paraître aller bien, parce que l'on a besoin d'aller bien, rien que çà d'ailleurs.

J'ai mal je crois, de voir l'évidence d'une erreur d'orientation.
Dialogue d'une étudiante avec elle-même.
Et lorsque l'on sort des murs de l'établissement, on doit encore se pencher sur tous ces bouquins au programme, on n'en sort jamais vraiment, jamais.

Article amené à disparaître, comme bien d'autres choses.
Bon réveil.

dimanche 14 juin 2009

A n'être qu'un arbre mort...


Passer le corps par la fenêtre pour regarder l'arbre mort.
La pluie me donne une impression d'existence. Je vois tourner les nuages, virevolter les feuilles. Elles pleurent.
Malmenées par tant d'ignorance.
L'homme marche et de son pas la brise, murmure alors le son des clameurs maternelles de la terre, qui récupère la vie qu'elle a un jour donné, par mégarde, méprise ou bêtise.

Une écorce, une peau, un coeur dit-on, peut-il pleurer encore quand rien ne semble plus pouvoir le toucher ?
Et mon corps, pleure-t-il comme ces feuilles de ne pas pouvoir satisfaire le seul objet qu'hier encore il désirait satisfaire ?
Des mots légers, comme je veux mon corps à présent, puisque sa main sera loin sur son propre corps, se donnant sans honte ni peine son plaisir, assouvi à chaque fois, si facilement, mécaniquement devant un film pornographique, de banales images plongeant l'homme dans la limite de la sadicité perverse, mon corps nu à ses côtés, ne suscitant en lui plus aucune envie assez forte pour être menée à terme... Etre là et observer sans broncher, sous prétexte que l'on se doit d'assumer nos dits défauts et qualités. Se baser alors sur ces mêmes images et projeter sa dite adorée sur un écran, et attendre, espérer bien malgré soi souvent que l'idée brillante d'imiter vienne à son esprit d'éternelle insoumise, et pourtant...

Pourtant je me souviens lui avoir donné ma virginité, il est le seul à qui j'ai dit je t'aime, il n'en est pas moins le seul à m'avoir fortement désillusionné. Je n'ai jamais joué avec des poupées pourtant, bien trop superficiel, artificiel, mais n'oublions pas - entendez-là mon ironie - qu'aujourd'hui est un nouveau jour, encore un qui vient s'ajouter à la liste des ans.
Peut-être n'ai-je pas assez de rides ? Pas assez de souillures ? Pas assez d'audace ? De mesquinerie détournée en essais de rédemption ? Peut-être, et alors ?
Le problème est peut-être dans le manque cruel d'arguments, qui vient mettre à bas chacune de mes réflexions orales, et l'on me " critique " presque de ne pas parler assez... Et quand mon courage se fait présent, j'ose prononcer quelques mots qui s'égarent, mal enchaînés, et là la magie se brise.

Soit belle et tais-toi.
Ou agis et ferme-là, ou ouvre-là plutôt...

Qu'on m'explique... pourquoi ces paroles devraient aujourd'hui suffire à me faire aimer ma silhouette, quand toute son enveloppe me dit ouvertement le contraire...

J'assume et je m'aimerai selon moi-même.
Dans le leurre conscient dans lequel je sais que je m'expose.

 
... on perd l'envie d'exister.

mardi 5 mai 2009

La réverbération d'une ampoule

Texte d'après un exercice d'écriture consistant en l'emploi imposé de mots.


Le soleil était haut.   
Je discernais mal les dunes alors que mes yeux s'enfonçaient dans le sable. J'y devinais les empreintes d'un fauve que l'on chasse et poursuit, battu à mort, indifférent à l'homme qui ignore l'ardeur de la bête enceinte sous la protection du désert.
Celui-ci s'avance, se tourne vers l'animal et manie son arme, la lance dans le ventre du félin dont les griffes se rétractent.
Il paraissait étranger.
Il est venu se coucher non loin de moi, ses muscles mouillés se dessinaient sous l'obscurité que trempaient des roses de chaque côté de sa croupe. Je parcouru sa peau, y ai posé ma main.
Sa bouche était grande, me murmurant des paroles d'une vérité certaine. J'ignorai tout de ses yeux, de l'ovale de ses pupilles, je descendais alors jusqu'aux mâchoires épaisses.
Il était une sculpture magnifique.
Je désirais ses formes, souhaitais connaître le terrible de sa silhouette, son dos courbé, son odeur, tout jusqu'au dernier de ses souffles.
Je descendais ma main jusqu'à la fente, l'animal me poussait à m'étendre sur le sol, remonter ma main, la déplacer tout le long de son corps pour enfin m'y poser.
Je ne connaissais pas son langage, il parlait peu.
Je n'ai distingué que la détente de l'arme, sa tête rompue, écrasée à même la terre.
Je me suis avancé, je saisissais tout le mal dans son expression.
Prise au dépourvu, j'étais perdue, seule, sans doute effilée comme les pointes des rebords d'un cercle. Je restais debout dans mon rêve, je n'étais pas parvenu à le rattraper.
L'alignement de nos silhouettes dominait toute la multitude des colonnes des maisons. Autant être libérés, brillant de la réverbération d'une ampoule susceptible de scintiller.
Il était le seul homme qui ait répondu par la plume à l'ombre du soleil.
Ma robe jaune brodée de noir s'agrippait en direction de son existence. Son style était rare comme l'était son identité : un soldat masqué sous le pelage d'une panthère. Un simple homme à la surface verticale d'une guerre.
L'air était plein de sa présence. 

mardi 28 avril 2009

Le poids d'un soldat mort

6h38



La soirée était lourde comme le poids d’un soldat mort. Quelque chose s’est rompu. Je lui ai fait du mal et ce sont pourtant mes larmes qui n’en finirent pas de couler, celles d’une culpabilité croissante, d’une brisure à demi qui aurait pu être totale. J’ai eu peur, fallait-il bien que cela arrive pour que j’accepte de comprendre, ou plutôt d’acccepter. Accepter que sa présence soit un véritable choix, non un par défaut en attendant mieux, que le moi n’est plus seul à combattre.
Je me suis achevé. Mes yeux ce matin portent la marque du remord, je ne sais si j’oserai encore lui dire que je l’aime. J’écris et les larmes reviennent souiller mon visage. De mon fait, pour ne pas dire à cause de moi, ce matin une page n’existe plus. Un bien que je lui enlève, un morceau de nous qui part. Je suis vide dans la tête, le cœur trop plein de honte, le corps ne tenant plus qu’à un fil. La fatigue est là, bien là toute autour et à l’intérieur. J’aurai aimé que ma vie soit un livre, j’en aurais déchiré cette page, puis brûlé avant de la réécrire. Ce matin j’ai froid, et mon regard est baissé. Comme ma tête, vers ce sol sur lequel je rampe pour mieux ne plus sentir sa douleur, la sienne et celle qui sillonne mon crâne comme le ferait le plus dissonant orchestre. J’avais voulu ne plus poser mot mais seule face à moi-même ils restent encore ma seule échappatoire. Rentrer en soi pour mieux en sortir, lutter contre la brûlure que nous infligent nos yeux et attendre de se remplir de nouveau, petit à petit, en changeant juste un peu la trajectoire. Je ne trouve rien à vouloir dire, j’aimerai seulement disparaître un peu plus, m’enfoncer davantage dans ma connerie et m’en vouloir, toujours, flagellation du corps pour une rédemption de l’âme, on ne revient pas en arrière.
Il faut continuer à avancer, avoir l’arrogance de soutenir encore un regard, le sien, que je sais avoir blessé. Cette page est une page de remords qui n’effacera rien du mal commis. J’ai gardé en moi la trace du passage de son corps dans le mien, toute cette nuit, comme pour retenir encore une chose, une seule et dernière chose tant je nous croyais finis.
Je vois mon reflet sur la fenêtre, ni plus ni moins que la représentation faussée d’une loque qui tape sur un clavier. Libérer de je ne sais quel mal, celui d’en avoir fait, uniquement, celui de la peur d’en refaire un jour et de perdre ma seule raison de tenir debout, de vouloir tenir debout dans toute cette insignifiance. Je viens, je crois, de mettre au jour toute ma splendeur, terne, pesante, blessante, humiliante. Je ne sais comment conclure, je n’ai ce matin plus la force de fixer l’écran.

mercredi 8 avril 2009

Elle. Haine.

Je ne sais avec quel sourire prendre ces derniers mots d’une autre qui n’est pas moi.

Je ne sais pourquoi la race humaine s’acharne ainsi sur les possibles d’hier qui lui ont été enlevés. Je ne sais pour quelle raison j’écris ces phrases.
Aimer un homme. Sa vie, son passé, accepter ces lendemains lors desquelles nous n’étions pas, se vivre dans le présent, à chaque seconde plus pleinement qu’à l’instant précédent et par moments voir resurgir une part de cet inconnu dont on regrette et envie l’absence.
Retour en arrière pour lui, reprise des armes pour moi, bien malgré la volonté de l’un et l’autre, rester passif devant ce resurgissement de l’impalpable, de l’inimaginable, du temps regretté à ne pas avoir été là, avant, pour ne pas que d’autres viennent baiser ces lèvres et serrer ce corps.
    Depuis peu, chaque parole prononcée est acte d’amour, chaque regard, chaque silence, tant et tant que je ne fais plus que deviner aujourd’hui ce qu’est faire l’amour, je le vis, encore et encore, de la naissance du désir à l’assouvissement total du plaisir, des corps et des cœurs…  Faire l’amour avec l’homme qu’on aime et devoir sans s’en être préparé faire face à un retour d’autre, d’une autre en cet instant, une autre que j’aurai pris plaisir à faire pleurer cette nuit encore, une autre que le temps et ma réflexion épargnent, après avoir pensé des phrases toutes écrites à l’avance, celle d’une femme qui jamais ne baissera les armes devant qui que se soit pour défendre son essentiel de tout mal, passé ou présent.
    Et pourquoi une telle réaction ? Une simple aberration devant tel acharnement, devant un tel culot et un sans gêne à toute épreuve. Partagée entre le sentiment d’ignorance et celui d’écraser l’insecte avec le pied, en gardant la chaussure pour ne pas que nous salisse son sang. Rester humble par pure compréhension de la folie de l’autre, partage presque irréel de ce même égard, mais l’homme que j’aime est désormais homme d’une femme, pour rien au monde je cèderai ma place. Mélange de fascination, d’admiration, de respect et d’amour, comment ne pas comprendre l’envie qu’il suscite en d’autres ? Comment parler au nom d’un homme méconnu jusqu’alors ? Sait-elle son regard sur lui-même depuis son regard sur moi et le mien sur lui-même ? Sait-elle le sourire qui se lit dans ses yeux lorsque son corps se trouve satisfait et son cœur enfin empli ? Sait-elle ? Que sait-elle d’autre sinon celui qu’il n’est plus ? Etre comme on dit passé avant nous donne-t-il le droit de croire acquis l’être devenu sans elle ?
Si je pouvais seulement visualiser un visage, une image à recadrer, une cible à atteindre pour que son cœur et le mien ne souffrent d’elle et de tous ces autres qui se pensent rattachés à lui par pure connaissance de l’ancien qu’il n’est plus…
Mes mots s’embrouillent, mes doigts frappent le clavier comme s’il était elle, peut-être, voire d’autres, sans raison…
Se permettre de juger du bonheur de quelqu’un, c’est l’égo qui se démesure à force d’entretien d’une lâcheté croissante, d’un dégoût de soi frôlant la médiocrité de son être, d’un irrespect de sa propre personne lorsque l’on dit jouir du plaisir donné par l’un, imaginant d’autres traits, ceux de cet autre, mon autre et sourire bienveillamment, tout en continuant la comédie de la femme aimante, caresser un corps en en voulant un autre, et que puis-je y faire, moi, sinon observer la scène sans avoir droit d’y monter ???   Aller ensuite jusqu’à demander une photo sous le titre de faveur, que lui doit-il pour que toute permission paraisse à ses yeux évidence de l’action ? Une photo, installé en face de moi, ce lui d’aujourd’hui que je veux que jamais elle n’atteigne plus, ni elle ni personne, comment pouvoir encore oser se regarder dans le miroir en se sachant prostituée ? Se marier et faire de l’amour de la baise pure et simple, ultime simulation du jeu de la comédienne, retirer le masque en arrachant la peau, que le monde découvre enfin le visage réel du quasi grotesque que l’on devient après s’être menti sur ses espoirs durant des années…
Le seul. Tant d’ambigüités derrière ces deux seuls mots, tant de feuilles à lui jeter à la gueule, tant d’énervement inutile, juste un besoin de vider ma rancœur et mon vouloir sur papier, qu’enfin sortent ces démons de mon cœur qui ont tant abrutis le sien, endolori jusqu’aux dernières larmes apparentes et toutes celles qui se taisent, par habitude d’avoir pris honte de se laisser aller, et que dois-je dire, sinon remercier cette crasse de lui avoir fait tant de mal, pour qu’en moi un jour il reconnaisse son bonheur, le vrai, celui pour lequel je me lève chaque jour, celui pour lequel je donnerai tout, de moi et d’autres s’il le fallait, comment dire toutes ces choses qui brûlent en moi à sa seule pensée ? Comment justifier ma hargne à la seule imagination d’une autre main que la mienne parcourant son corps, et d’une autre âme touchant son cœur, tout est à moi, je le veux tant, tant je l’aime, le sait-elle, que je ne pose aucune limite à son sourire ? Sait-elle à quel point mes mots comme mes lettres s’emmêlent ? Et que je ne laisserai aucun obstacle à sa joie ? Obsession peut-être, besoin de possession de l’être, jalousie infantile de la femme qui aime à s’en arracher les yeux pour que son indispensable puisse voir le monde, le monde et tous ces faux-semblants, et mon envie injustifiée d’égratigner chaque parcelle de mur qui s’élèverai devant nous...

lundi 26 janvier 2009

Laisser au cercle le temps de fermer sa boucle

Laisser au cercle le temps de fermer sa boucle,
Quand tout tourne en rond dans la tête, les murs et le cœur,
Cloison de chair que la conscience malmène,
Se taire parce qu'il n'y a juste rien à dire d'autre que le silence ne révèle déjà.
Sembler un sourire pour ne pas atteindre l'autre,
Aller alors jusqu'à feindre la caresse devant l'épouvante de l'évidence,
Ne plus envier ni désirer, se demander si l'on aime encore.

Conséquences d'un travail pour combler le manque,
Défier l'apparence et la retenue. S'éloigner avant de se plaire près d'un autre et voir cet autre s'en aller, arrachant malgré lui l'équilibre qui égalise la marche sur les deux pieds.
Distancier l'insupportable
Pour ne plus que pèse l'absence
Ni les maux sous la jouissance.

Ne plus arriver à prononcer une parole tant tout geste paraît forcé,
Trouver de bonnes raisons pour continuer de se donner l'impression d'avancer;
Et ces mots que j'écris qui font si mal
A l'autre de l'abandon qu'il ressent à la limite de la trahison,
A cette main qui en veut de ne plus parvenir à toucher ce corps qu'elle aime tant
A cette activité cérébrale qui afflue à la limite de l'écœurement
Et transforme sous mon regard l'aimé en amant, le désiré en repoussant.

Ne rien trouver d'autre que l'excuse du sommeil
Et le leurre de l'apprentissage.
S'émanciper à droite pour tenir en son poing l'organe écrasé de gauche
Et croire belle la vie alors que tout en nous la répulse.
Crin de fer entourant mes doigts, je cris à la lassitude d'enfin lever le voile,
A cette tapisserie de s'inventer de nouvelles couleurs,
D'autres fleurs à déraciner d'imageries infantiles.

Et maintenant s'interroger sur le bien fondé du rêve d'un demain
Ensemble comme un tout séparé
S'unifiant lors d'ébats comblant le manque de débats
Tant les idées me fuient ver l'ailleurs,
Du songe à l'anormal en passant par la résignation animale d'être et de rester
Sans trouver d'autre étoile ni d'autre ciel à regarder mourir

Filtrés par la lumière
S'abattant sur les fenêtres
Si loin je me sens que j'envie me suffire à moi-même
A l'instant où je pose la plume reste collée à mon ongle,
Liquide suintant d'orgueil et de paresse,
Feindre encore pour fuir
Par lâcheté, limite, humanité

En fait.
Ne pas faire subir à l'être que l'on sait aimer
Notre tentative bafouée d'une franchise non-assumée
Et former soi-même le cercle par lequel on se sent enfermé
Et se taire, encore, devant la perte annoncée
Que la rancœur aura le plaisir de prendre et retourner
Tendant l'autre joue aux querelles du passé.

Ivrogne terreur qui s'immisce dans le creux de la paume
Inhibant les rêves,
Emplissant les songes d'insomnie
Et les réveils de sueur, sursauts et splendide noirceur
Dans ce confinement effaçant tout sentiment
Autre que le goût de l'amertume qui repose en jets sur ma langue
Et le lion en cage, le poisson dans le bocal, sur le balcon, sans eau.
Feindre l'indifférence parce que seul ce sentiment encore nous habite;
Feindre l'occupation, écriture d'un autre temps,
D'une autre époque ciselée, martelée
Que l'on peaufine pour ne plus que nous aspire le plafond et ses méandres;
Vouloir s'automatiser pour ne plus penser et violer ses repères :
Chaîne autour du cou semblant pierre courbant le dos,
Epaules de labeur qui paraissent à la nuit tombée la saveur du sel perlé.

Ne pas savoir pour quelle raison tendre la main
Ni que pouvoir mimer pour se réprimander soi-même,
Se complaire dans la facilité;
Etre un buisson dépourvue de feuilles dans une forêt
Impalpable et sans odeur
Juste bon à orner le sentier et mener à leur perte les voyageurs
Qui voyaient en ce chemin de ronces une ruelle pavée.

Poser des mots sur cette distance,
Tenter de se l'expliquer
Quand seule à notre esprit nous vient l'incertitude du jour suivant,
Le pêle-mêle des demains et de ses arrangements,
Acharnement de la volonté entreprise à contre-courant
Poussant à l'extrême la laideur de l'attente de cet inconnu
Qui se révèle seule porte ouverte à nos possibles.

Supposer l'endormissement,
L'accablement,
Le vide,
L'irrationnel,
La tromperie,
L'orgueil,
Le continu de la possibilité du devenir.

dimanche 11 janvier 2009

A chaque pas

J'ai comme du sang sur les lèvres et de l'encre sur les mains s'étalant au mélange du parfum d'oubli qui s'immisce en ce jour de nuit.
Bravant le froid et l'hiver à chaque pas, je m'éloigne de ce qui fût ma source unique de chaleur pour une lâcheté humaine qu'elle dit limite.
Energie inutile, usagée, autant que mal utilisée, je ne veux aucun retour en arrière et pourtant hier est en ce soir seule image de demain.

Lâcheté humaine que de voir pleurer et de détourner le regard.
Lâcheté humaine que d'exposer ses larmes à l'indifférence de ce qui se dit lumières.

Sans plus aucun contrôle, aucune attache, je m'aperçois que je ne suis rien s'il n'est pas. Et pourtant le coup des mots me fait le détester en ces heures longues de réflexion. Trop parfaite mémoire que je sais ne pouvant que retenir ces mots comme il souhaitait me retenir en son poing avec pour éclairage l'unique volonté de l'écart de ses doigts.
Ton de dénis, de mépris, de l'homme qui s'adresse à un presque rien ne laissant pour autre protection que la fuite de l'animal blessé qui se fout alors de l'étendue des blessures tant tout le pousse à écarteler la plaie, jusqu'au renseignement feint à cette bande de primates, juste avec l'espoir d'avoir un peu plus mal sans que ce ne soit ma responsabilité.
Culpabilité de la patience, étape de débordement, la saturation à ce degré d'élévation perd son sens.

Aucune envie sinon celle de me faire une raison pour que la haine remplace l'amour que je lui porte afin que cessent de salir ces flots mon visage, afin que mes yeux puissent enfin se fermer sans plus voir son regard, celui de lui avant me renvoyant à moi-même mon inutilité le concernant.
Vidée, mes pensées ne s'organisent plus, mon regard fixe le papier comme par défiance à la page blanche, comme pour gueuler à travers la bille ce que j'aimerai tapisser au plafond pour le rendre contemplatif.
Je ne veux pas qu'il me manque et pourtant tout mon corps tressaille de son absence. Je ne veux pas parler, le stylo écrit seul ce que mes pupilles dessinent sur les lignes.
Etape de résignation, je ne suis plus sûre de rien...