jeudi 9 décembre 2010

Abrutissement

J’ai l’impression que le temps m’échappe, que les jours s’allongent sans fin…  que la mort n’est qu’une idée abstraite… que le courant emporte tout et me laisse de côté… que mes suggestions se perdent… que mon travail est lourd… et mes lectures trop longues… je n’y vois pas le bout… j’y vois qu’un lent abrutissement… une collision d’atomes… et des pertes de sang inutiles.
J’y vois des auteurs inconnus et des coups de foudre anonymes, des paroles lancées au hasard qui ricochent sur mes paupières, un subtil abandon, l’inintéressement…  l’ignorance… le courant  m’a laissé… trop lourde de regards sur le monde…
Je me sens parfois malade.
Malade de continuer à apprendre, à espérer, que des lectures agissent comme des anesthésiants.
J’ai mal à imaginer l’enfant entre ses bras, qui délaisseront mon cœur.
La solitude et les hormones ne me valent rien. J’ai des rêves plein la tête et des peines plein le cœur.
J’aurais aimé être Ariane dans Belle du Seigneur, j’aurais aimé monologuer sur tout et rien, m’acheter un chien que j’aurais vu de derrière une vitrine, faire naître les jalousies pour guérir la mienne. Et réussir à vivre.
En avouant que mon existence n’aura servit à rien.

dimanche 7 novembre 2010

Le salut de la Renonciation


Il est tant de choses que j’aimerais ne jamais avoir connu.
Tant de choses.

Les bouquins n’y changent rien,
Toujours cette boule dans le ventre.

Je me demande s’il ne vaudrait pas mieux
Tout refaire.

J’aimerais les dévorer un à un,
M’alimenter de leur savoir
Faire un choix parmi l’une de leurs théories
Pour réussir à vivre
Avec toutes ces choses que j’aurais aimé ne jamais avoir connu.

Je ne connais pas la confiance, elle a été abattue.
Celle en l’autre bien plus que la mienne.

Où vais-je ?
Dans ce monde qui m’abrège à coup de solitude.
Et d’incompréhension, de non acceptation.

J’ai conscience de changer.
Au fil du temps et des lectures.
Du travail sur soi.
Mais ce qui se faufile sur le chemin est une longue ligne noire et incolore.
Seule.

Je ne me suis pas encore accomplie que ce chemin me rend réticente à poursuivre.
Alors quoi ? Fermer tous ces livres ?
Quitter l’Amour ?
Plaire à mon seul miroir ?

Pendant que d’autres jamais ne se posent ces questions.
Je crois avoir peur des conséquences  de ce travail sur mes idées. Et donc mes actes.
Parce que si aucune d’elle ne me convainc, ne trouve les mots justes pour me faire accepter les réalités, alors…
Alors… je poursuivrai mon chemin.
N’y étant pas parvenue.
Dans quel état ?
Combien de temps pourrais-je tenir encore ?

Rebelote.
Inutile de dire que tout cela m’accable.
Inutile de dire que cela m’angoisse.
Inutile de dire que pour dormir ce soir je pense aux substances qui m’y aideront.
Inutile.

Quand y parviendrais-je ?
Y parviendrais-je un jour seulement ?
Pour me sauver, moi et puis nous.
Y parviendrais-je ?
Je n’ai plus la force, ces derniers jours.
Et je vois alors la simplicité et le salut de la Renonciation.

samedi 6 novembre 2010

J'ai oublié mon nom



J’ai ouvert les yeux sur des sols sans forêts
J’ai entendu les cris de la biche qu’on massacre
L’éclat de rire du veau mort-né
Et la mer vomir pour nourrir ses poissons affamés

De colère, j’ai oublié mon nom
Les étoiles se sont noyées
Paris est un désert que les rats ont rongé

Je me souviens l’albatros, sans encore d’arbalète, et les feuilles,
Du temps où l’automne signifiait encore quelque chose
Je me souviens d’la fleur que l’on arrose et qui poussait
Hier
De la pelouse rose qui servait de lit
Aux vieux qui crèvent
Parce qu’en ce siècle ils ont faim

Siècle de misère,
De colère, j’ai oublié mes prières
Je me fous du chagrin,
Je n’peux plus que pleurer
Oublier qu’sourire ne m’a pas été donné
Siècle de misère
J’ai des yeux ouverts en grand sur un monde en papier
Que nos mains déchirent, par plaisir,
Et que brûle notre inculture
Ne l’entends-tu pas gémir ?

Aucune satiété
De la fierté la plus virile
A écraser de son pas lourd
La coquille d’un ermite
Vois-tu le monde, son infortune ?
Regarde-le, froissé,
Gerbant
Des toits de briques rouges pour abriter
Toute sa saleté

J’aimerais dormir, dans son poing, enfermée
Et y mourir, asphyxiée,
De bonheur
Si cela se pouvait encore
Je ne sais plus mon nom
Lui-même m’a oublié
Il oubliera ma chanson
Mes paroles

De colère, siècle de prières
J’implore ton éclosion
Pour un pardon, un jet de pierres
Un cri de guerre à l‘unisson
Dis-moi qu’tu m’aimes
Si cela se pouvait encore, je t’entendrais

Siècle de peine, tu m’as tué
Tout ça parce qu’un Dieu bagatelle
Qu’on a crée
Nous a offert
A la naissance
Un gentil paquet de merde à traîner

Et c’était qui, dis-moi,
Ces chiens bâtards qui hurlaient
A la mort
Que la vie c’était de l’art ?
Que le sourire c’était inné ?
Regarde-moi, frère, tous ces cadavres
Je ne sais plus où mettre les pieds

Il n’y a plus qu’la vodka
Pour me faire apprécier
La vie et mon chat
Qui miaule
Et pis y’avait toi, mais t’es parti,
Avant que j’finisse de t’adorer
Mon tout petit

C’était au temps des princes charmants
Qui volaient les princesses sur des ch’vaux blancs
Et ou l’extase des amants
S’passaient de dépendance pornographique

Vois-tu bien ?
La neige est noire sur les pavés
Y’a plus d’animal à caresser
Même les colombes sont crevées,
Un plomb dans l’aile
Y’a d’la poussière qui r’couvre mes yeux
Je ne te vois plus
C’est pourtant pas l’froid qui manque
C’est ma mémoire

J’ai oublié mon nom
Je le lisais dans le ciel
Mais même lui s’est fané
Mort de tristesse
Quand les étoiles se sont noyées.

Je vis sur ma planète.

jeudi 28 octobre 2010

Dialogue avec un vieil homme inconnu



"- Se peut-il qu'une jeune femme aussi belle puisse être aussi triste ?
- Apparemment.
- C'est un chagrin d'amour ?
- Quoi d'autre, sinon ?
- Allez va, ça passe toujours, les chagrins d'amour !
- Les chagrins peut-être. L'amour non. "

mercredi 27 octobre 2010

Je t'en prie

Cette nuit j'ai perdu mon coeur
Inutile alors de me demander d'encore parler
Je n'existe plus,
Mon amour m'a quitté.

 Je t'en prie, pardonne-moi, reviens-moi, je t'implore, 
Je ne peux pas sans toi
Je t'en prie, reviens-moi.
Reviens-nous.

jeudi 21 octobre 2010

Rien qu'à Toi.


J'aurais aimé que mon coeur soit une boite
Pour pouvoir te le tendre
Ouvert
Afin que tu saches sans plus de doutes
La justesse de tout ce que pour toi il éprouve.

mercredi 20 octobre 2010

Si demain


Si demain n'advenait pas
Et que ma peau te manque,
Découpe cette encre sur ma nuque
Et noie-la dans le creux de ta main.

mardi 19 octobre 2010

Du Pouvoir de faire naître une cédille


En ce jour,
Je ferai vœu de silence, m'enfermerai dans le taire,
Pour ne pas regretter d'avoir dit merde à ce monde.
Parce que susciter
N'est plus 
Pour moi
Une affaire de possible
Et que l'inconnu au dehors
Est toujours
Où moi,
Pauvre folle,
Je ne suis plus.
Tout autour déclenche
Tandis que j'indiffère
Ma parole baise vos corps
Et s'agenouille sur vos scrupules.

lundi 18 octobre 2010

J'aurais aimé


J’aurais aimé que l’on s’interroge
Sur mes termes.
J’aurais aimé animer la curiosité
Qui ouvre le cœur sur d’autres fenêtres.
J’aurais aimé encore attiser l’intérêt
D’une main qui se perd.

J’aurais aimé être une source
De sollicitations.
J’aurais aimé faire passer le temps
A l’œil qui s’ennuie.

J’aurais aimé que naissent de mes mots
Des définitions à saisir.
J’aurais aimé mourir l’habitude
Qui couvre la toile d’un voile terne.
J’aurais aimé être l’extérieur
D’une perle nacrée.

J’aurais aimé posséder le néant
Pour avoir le pouvoir de l’anéantir
Et glisser sous des draps une peau de sang
Et un sourire niais.

Qu’aurais-je aimé encore ?
Que puis-je aimé de plus ?

J’aurais aimé être l’intrigue
D’un roman qui ne serait pas lu.
J’aurais aimé être les paroles d’une chanson
Qui ne se seraient laissées retenir.
J’aurais aimé rester cette héroïne qui éprouvait encore
Qui savait faire éprouver
Et se questionner
Les personnages.

J’aurais aimé être une notion insaisissable,
Une image,
Une querelle,
Une chose qui n’indiffère pas même lorsqu’elle se tait.

J’aurais aimé être une de celles dont les mots interpellent
Une de ces belles lettres sans teint qui s’oublie.

Réflexion


Ça doit faire du bruit, un cochon qui pleure.

samedi 16 octobre 2010

Le défilé des minuscules


Qu’aurais-je encore à dire ?
Dehors le monde des minuscules grouille, la synchronicité de leurs pas rappelle les coups portés au tambour.
Les voix s’élèvent et le sol semble crier lui aussi.
Le froid rend abrupte les rebords des fenêtres.
C’est l’espoir qui s’illusionne en un autre millénaire.
Un autre ciel, des phalanges enragées et des gorges dénouées.
Il n’est plus de cendres, plus de danses auxquelles se mêler, c’est le rêve qui gueule et la mort qui recule.
Les armes à terre, la fleur à l’épaule, le temps s’allonge, le souffle se meurt et le roi rit.
Alors que je regarde défiler les minuscules avec un sentiment de vanité.
C’est la rue qui hurle, les sirènes des pantins et les ballons s’envolent pour une atmosphère respirable. 
Un ongle dans une faille, des apparences, des révoltes sans sens et encore de ces apparences et d’autres clichés à emprisonner.
Des corps à faire s’effondrer, une seule brique à retirer de l’édifice pour qu’il tombe.
Il ne restera de l’Homme que les ruines d’une érection.

vendredi 15 octobre 2010

Une histoire en images



                                                  








 







Mourir pour être belle ou être belle pour mourir ?

lundi 11 octobre 2010

Fais-moi une place

Où est ma place ? Où dois-je aller ?
Si tu me reproches d'être là où je suis.
Parce qu'alors je t'empêche d'être, d'y être.
Je ne suis qu'une obstruction.
J'en ai marre d'être.
J'en ai marre.
D'être à ma place nulle part.

La luisance des cailloux


Le cœur ouvert
A vif
Vidé
Comme un saut plein de sable
Que l’on renverse sur des pavés
Pour leur donner l’odeur d’une plage
Et un goût d’éternité.

mardi 28 septembre 2010

Memento Mori

Vois comme toute chose suit son cours,
Écoute le bruit de l’eau sur la vitre,
Regarde l’enfant qui trébuche,
Emplis-toi de ses cris
Et attends que vienne ton tour,
Assis sur l’herbe verte au pied d’un arbre sans branche
Indolore.
C’est d’abord son visage qui te quitte et le temps le fait souvenir.
Ce n’est plus qu’un trait grossier comme on raconte une trame
Et les détails se perdent à mesure que j’oublie.

mardi 21 septembre 2010

Un mardi matin

Sa beauté n’avait d’égale que sa tristesse, qu’elle répandait en larmes comme l’enfant sème derrière lui des cailloux pour ne pas se perdre. Et elle s’avançait, lasse, dans cette foule anonyme, élégante sans sourire. Son cœur n’était plus qu’animal et elle respirait encore par simple peur d’enfin mourir. Elle avançait, belle, dans cette vie qui la faisait souffrir, qui avait glacé sa chair d’illusions. Un pied devant l’autre, le regard par terre, ses longs cils maquillés de noir donnaient de l’ampleur à sa peine. Il dégageait d’elle comme un respect anobli de la femme qui se laisse abattre en suppliant son bourreau d’une éteinte voix. Sa marche n’était qu’une lente traînée d’indifférences. Elle ne voyait que des ombres, des ombres avec des dents, des semblants de peau qui déambulaient, un assemblage de couleurs qui n’existait que dans sa tête.
Elle aurait aimé avoir un chien, un petit chien, tellement plus grand qu’elle, un fort petit chien pour la protéger dans sa solitude. Elle n’aurait plus rien de tout cela. Alors elle se l’imaginait, un joli collier autour du cou, une courte laisse pour ne pas qu’il s’éloigne trop et elle s’arrêtait au pied des arbres pour laisser son petit renifler la vie d’autres.

lundi 13 septembre 2010

Je m'imaginais

Je m’imaginais que dehors c’était l’hiver.
Des arbres sans feuilles et un tapis de neige blanche.
Des hommes et des femmes qui n’osent presser le pas par peur de glisser sur les trottoirs recouverts de gel.
J’imaginais que dehors c’était l’hiver et l’idée alors du froid m’excusait de ne pas vouloir encore me lever. Et j’ai entendu la pluie qui tapait sur les carreaux. La neige ne fait pas de bruit quand elle tombe.
J’ai arrêté d’imaginer. Il ne fait pas encore jour, je n’ai dormi que trois heures et le café coule comme l’eau dans les gouttières.
J’ai une envie d’ivresse, de fuite, j’ai envie d’être assise sur une terre dure et regarder le soleil qui se lève.
J’ai envie d’effacer de ma mémoire ces côtes tâchées de rouge et les cris des dauphins.
Je vais m’enivrer de café, tenir debout, en avoir mal au ventre et pleurer. Pleurer pour occuper le temps que je ne passe pas à lire et à écrire. Pleurer sur mon désœuvrement face à l’inconnu. Pleurer de fatigue et pour donner à mes yeux une raison de souffrir.
Et dehors encore, c’est le silence des murs de neige qui couvrent le tumulte des matins encombrants.
Il y a une route sans neige qui mène vers nulle part.
Me faire alors un manteau de la fourrure de mon chat et l’entendre miauler encore.
Construire une maison en carton que la poussière rongera et penser à ces heures d’une journée qui s’ajoutent à combler tant bien que mal. Garder le sourire et l’air agréable.
Je vis dans une prison d’amour. Les barreaux sont les vaisseaux de mon cœur.
Ce soir je m’endormirai seule et je n’entendrai pas les oiseaux chanter. J’entendrai la pluie sur les fenêtres et mon rêve d’hiver crier.
J’aimerais la joie qu’apportent les alcools et le relativisme écœurant.
Rester la tête sous l’eau dans une baignoire bouillante et entendre le sifflement de la mer. J’aimerais être un dauphin et décider de ma prochaine inspiration.
Je me sens renaissante d’un combat sans armes, un combat glorieux de boue et d’asphalte. Et en dehors de çà, un air de musique à l’instrument désaccordé.   Aimer jouir du bonheur égaré, se plaire à imaginer une anguille se faire bouffer par la transparence d’une méduse.
Avoir la chair de poule à la seule pensée des flocons et se blottir sous les couettes et finir par avoir trop chaud. Se dessiner la sueur comme de la neige fondue, chauffée par les gaz d’échappement d’un camion de livraison frigorifique. Imaginer les trottoirs comme des étales de poissons, un marché géant, slalomer entre les truites et les dorades, en évitant de croiser le regard des langoustes encore vivantes, se débattant par terre, soufflant sur leurs pates pour réchauffer leurs pinces invisibles et paraître nager dans un océan d’ordures.
J’ai envie de gueuler quand je vois ces Hommes qui rient dans tout ce noir.

Dehors il n’y a pas de neige, il ne fait même pas froid, il n’y a aucune langouste sur les trottoirs et les dauphins meurent encore.
Moi je reste dans ma maison en carton, sans porte, sans murs pour combler l’absence de fenêtre, un toit robuste qui s’envole au premier coup de vent.
En cet instant j’aimerais être morte, enfin, ne plus être, ou être autre part quelqu’un d’autre d’encore mouvant.
Une greffe rejetée par l’organisme.
J’ai des sanglots dans la gorge et le regard dans le vide. J’attends et mes mains se rident.
La vie déferle et m’oublie. Ou bien est-ce moi.
Dans l’à-peu-près du malheur je me brûle le palais.
Mon soleil c’est l’ampoule de la cuisine. Je n’ai qu’à opprimer l’interrupteur pour le voir se lever puis l’opprimer à nouveau, donner un sens à son existence, pour le voir se coucher. Il me semble que pour les autres tout va et moi l’ennui me ronge et je retiens encore mes larmes. Si je veux voir le soleil se coucher sur la mer je remplie l’évier d’eau et on s’y croirait, sauf que dans mon rêve c’est l’hiver, alors je fabule la brume avec de la mousse de produit vaisselle que je maltraite.

La nuit ne viendra-t-elle donc jamais ?
Vieil Estragon qui se morfond. Au moins il attend la nuit, il attend quelque chose, un sourire de la lune, une toux d’étoiles enrhumées, un semblant de vie dans ce drap bleu qu’est le ciel. Une apparente tenture de soie à l’allure de coton, quand on souffle dessus elle s’éparpille, s’écarquille comme des yeux qui veulent mieux voir. Il n’y a rien à regarder.
Il n’y a qu’à sentir la chaleur t’envahir et sentir les couleurs qui s’estompent.

Ma chouette en peluche n’a jamais su voler. Je l’ai jeté plusieurs fois en l’air mais à chaque fois elle retombe, comme amoureuse du sol. Il y a un tapir sur la poutre et des poissons rouges dans la cafetière.
J’aimerais monter à cheval et me sentir être le prolongement d’un animal. Etre une callopsitte que l’on n’aura pas élevé à la main ou un canari qui ne chante pas, une femelle inséparable séparée, un lapin mangé par une taupe sous les yeux amusés d’un castor moqueur. Et entendre bêler un mouton.
Laisser des empreintes d’homme-singe et faire croire au yéti.
Adhérer au comité international de défense des nains de jardins et bailler comme une huître.

Le chant du coq au crépuscule.
L’été passe, indolore. Aucune déchirure sur mes vêtements.
A quoi bon ? Simuler l’insouciance.
Se dire que dehors il y a un parc avec de la pelouse et un lac, des arbres avec des feuilles et des écureuils en mal de noisettes. Un recueil de tromperie dans un élan de servitude.
C’est la pauvreté de la névrose. Un antipode du pareil.
Une carapace en papier sur une tortue sans orifice.
J’aimerais un hiver à chaque saison et des bottes qui montent jusqu’à mes seins. Une trilogie sans fin qui tourne et revient comme les hélices d’un ventilateur. Brasser le même air, s’asphyxier de douleur. Bleuter sa peau trop pâle et rougir ses lèvres sans saveur. Marcher sur des œufs et s’enfoncer les coquilles dans les plantes.
Placarder des baisers sur les arbres à abattre. Tronçonner ma lenteur.
N’être rien en tout instant qu’une insuffisance qui mord. Rebelote.
Trouver du réconfort dans une fourrure qui respire, se cacher des terreurs sous un manteau qui perd ses poils. S’acharner à être et à rester.
Il n’y a plus de jours ni plus de nuits. Le temps est une monotone logorrhée que ruine la maladresse.
Se retourner un ongle pour voir le mal que ça fait. Avoir mal au ventre et s’adorer squelette. Des idées.
Une paresse torpeur de l’apparence qui exagère son effroi.
Encore une voix d’enfant que je croyais mort.

Il y a un singe qui saute de cordes en cordes sur le manche marron de la guitare. J’entends un essoufflement.
Cogner ma tête contre un mur en visualisant des mains m’y forçant. C’est un peu çà.
Une salle de théâtre et un rideau  qui ne se baisse pas, condamnant les comédiens à rejouer leur pièce comme le font les aiguilles d’une montre. Les gyrophares chantent.
Du sucre glace et de la nourriture mexicaine. Une balle dans le dos de la cafetière, à gauche, et des traces de doigts.
Les pleurs des baleines remplissent la mer de sel.
Me mordre la lèvre pour avoir le goût du sang dans la bouche, un peu de vie sur ma langue.
Un papillon dans une bouteille. Un verre de vin chaud, un marché de Noël, une absence, des châtaignes grillées, des doigts inertes et un triste sort.
Un magicien nu sur une licorne orange, je me sens une sirène sous la douche.
Un grand trou vide et même pas noir, ni très profond, juste un trou qui existe quelque part pour quelqu’un.
Des olives noires et du fromage à raclette sur des pommes de terre fumantes.
Se gaver d’eau et devenir une fontaine, un vers luisant pour une nature ignorée. Et la rengaine…
Monter et descendre les escaliers et ne plus avoir de souffle.

La lumière de l’ampoule-soleil sur le bois c’est la lumière des enfers.
Peindre les murs en rouge, les plafonds en bleu et des mouettes au dessus de l’évier. Coller des crabes par terre et puis des coquillages qui piquent les pieds. Le matelas deviendrait une serviette posée sur le sable. Un sable chaud pour ne pas avoir froid à trop adorer l’hiver. La trilogie encore.
Et ne plus rien avoir à dire qu’un manteau qui sommeille.
Quand je regarde par le hublot de la porte je me crois dans un sous-marin.

jeudi 2 septembre 2010

La fenêtre

C'est rêver d'une pluie d'enfants, 
Ouvrir la fenêtre et sentir 
Chaque nouveau jour 
L'odeur des corps d'une autre époque.

lundi 23 août 2010

Il n'est nul endroit

C’est être au bout du monde que d’être en soi-même.
Je vois des gens danser sur les toits, d’autres s’assoupir au bas des marches.
Il n’est nul endroit où l’émerveillement ne dure.
Il vient et passe comme le fait le vent frais qui plonge l’herbe verte dans le marbre.
Le bout du monde est brillant, doré, sale et fait de ponts anciens qui laissent filer la Seine et tiédir le café du matin.
J’ai connu ce bout de monde, cette beauté émerveille qui laisse en mémoire des souvenirs charnels avec de la pierre et des regrets de départ.
Ce sont des statues qui pleurent, d’autres qui sourient mais qui toujours restent, étendues près du regard solitaire.
Ici un autre monde où des murs invisibles entourent les os et délimitent le ciel. Pas de ponts, pas de Seine, pas de transis, rien que du béton et des rails, et peu de gens.
Si c’est le bout du monde c’en est l’extrémité la plus laide, celle qui ne peut être que le point de départ à l’arrivée idéale. Idéalisée peut-être.
Le temps est à l’orage, les oiseaux chantent la pluie et je me sens faillir.
Qu’y-a-t-il à aimer ici ?
A adorer ici, autre que l‘être qui nous anime ?
Autre que la foule accablante de lâcheté ?
Autre que cet air qui étouffe et ce bruit des trains qui partent là où j’aimerais aller ?

lundi 12 juillet 2010

Ma Pénitence

A quoi ça sert, la vie,
Le temps qui passe
Ma tête tourne
Mes yeux se lassent

L’enfant qui rit, mes larmes,
Y’a rien de pire qu’une main qui reste
Tendue à celle
Qui se cache

Derrière ma vie,
Il y’a la sienne
Ses peurs au ventre
Ma gorge qui crève
A lui gueuler mon cœur
Qui saigne

Sous mes paupières
Les arbres chialent, au vent,
Leur gerbe
De dédale
Y’a rien de pire qu’un cri d’une mer
Vidée d’ses fleurs et ses pétales

C’est foutu
Ma tête est pleine
De ce souci qu’on nomme Amour
Y’a plus en moi
Que moindres peines
Mes lèvres gouttent
Leurs derniers jours

Aux détours d’une voyelle
J’ai croisé cette sale absence
Ce châtiment, cette baliverne
Qui me dit d’hisser les voiles
Sur ce bateau
Qui coule
Ma pénitence

Sans rédemption,
Mes mains sont sales
De ce démon, qui tire les cartes
Mes lignes s’effacent
Demain est mort
Mon sang se glace
Je tire au sort

Parce qu’y’a rien d’pire
Qu’une vie sans toi
Toi que  j’ignore
Toi qui m’absentes
Dis-moi qu’j’ai tort
Muse abondante
Qui joue d’ses doigts
Sur ma carcasse
Filante.

lundi 28 juin 2010

J'ai entendu hier, dans un placard fermé

J’ai entendu hier
Dans un placard fermé
Remuer un souvenir.
J’ai pleuré.

Aussi longtemps, tu vois,
Que mes yeux le pouvaient
Je n’ai pas connu pire qu’une seule vie sans toi
Et c’était peu dire.

Une larme à la fois
J’ai perdu le sourire
Et le relief de moi
Je me suis déconstruite
Amusée de tes bras
J’ai oublié de vivre
Et de jouir de ta voix.

C’est le spectacle mort
D’une traînée de pluie
Qui me laisse sous les pieds
Des écorchures de ruine
Je n’ai aimé que toi
Ma doublure
Mon intime.

Mon espérance de toi
C’est ma vie,
Mon abîme.

J’ai finit de jouer
J’ai déposé les larmes
C’est avec le sourire
Que je m’évade de moi
C’était toi l’homme
Qui dansait de ses doigts
Une mélodie pure
De vertige et de froid.

C’était tes yeux de la couleur de mes yeux,
C’était le creux
De ta main le vrai fond
Celui dont je ne suis pas revenu.

C’était encore un regard
Derrière moi
Pour m’assurer que ce souvenir
Ne sera jamais toi.

jeudi 17 juin 2010

N'être qu'un souvenir

Pousser une porte et sembler déranger les murs.
Etre cette goutte d’eau qui fait se déverser les larmes.
C’est l’attente d’un supplice en continu et le difforme de la virgule, je ne suis humaine que partiellement. Et de loin j’entends ces louanges, la main qui caresse toujours dans le sens du poil, ces doigts pourtant m’arrachent un à un les cheveux.
Avant je voyais des portes, aujourd’hui je ne vois que des nœuds, qui coulissent comme pervers autour du cou, une pierre bien précieuse, un semblant de gêne, je ne peux faire mieux. C’était l’époque d’un autre temps, où Orphée tenait encore la main d’Eurydice. Sous moi pourtant la terre s’est ouverte, et ce n’est pas le chien à trois tête qui m’a accueilli entre ses dents, mais un homme en parfait galant qui s’est coincé dans mon cœur. Amour, ami ou amant, je ne peux voir l’ami sans penser l’amour et le voir amant. Je suis donc aujourd’hui un résidu de sentiments, qui s’écorche le ventre à coup de griffes. Je ne sais plus où regarder, le paysage ne se laisse plus voir, ma tête se meurt à imaginer à mes côtés un autre visage dans le miroir.
Je ne regretterai jamais assez, toujours en second dans une liste où toute autre asphyxie me dépasse, mes jambes sont courtes et mon corps gras de pensées et de rasoirs. Je ne suppose plus demain, je vis l’ami en l’aimant et l’amant ne fait pas de mal. C’est une fumée omniprésente, une odeur de feuilles sur les doigts, un couché solitaire, et des bruits de touches. J’aurais aimé l’entrelacement des bras à la tombée du jour, l’amour le matin, un air de fleurs et des asphyxies inexistantes.
Il est trop tard, je crois, je ne rêve plus à l’amour, je prends ce qui se présente à ma vie, les cris de joie ou bien les larmes, les sanglots bruyants qui n’attirent pourtant jamais l’attention de l’être et laissent des rougeurs aux yeux le lendemain. Je ne parviens non plus à me tenir droite, marcher pieds nus fait honte, c’est l’homme et l’enfant, la joyeuse ignorante qui ne sourie pas aux passants et réclame pourtant touts les regards du monde. Sans discussion, sans vécu, sans autre belle prestance que sa tronche, je parle aux bestioles et personne ne les comprends.
C’est encore n’être qu’un souvenir.

mercredi 2 juin 2010

Le classeur rouge

J’ai rouverts ce matin ce classeur rouge fermé depuis deux années. 
Des chiffres courent, des abréviations, des têtes rondes mimant un sourire ou des éclats de larmes, des lignes, tracées précieusement, des cases à remplir d’une croix, marque indélébile de l’atteinte de l’objectif de la semaine, écrit en lettres majuscules, rouges, larges, froides. D’autres sont de simples mots, déception, jeûne, tristesse, dégoût, bracelet, crise, rien, un café, rien, un fruit, rien, trop de choses, point.
Elles se comptent en semaines, les pertes de soi, un morceau de chair et d’amour de la vie laissé pendu à chaque recoin de pages, certaines sont colorées, indiquant l’importance de la tâche, le temps par exercice, des dessins, pour illustrer le mouvement, ces heures d’effort à se sculpter un rêve.  Objectifs, perfection, minceur, calcium, protéines, tout est inscrit, chaque gramme, la pesée du matin, celle de l’après-midi, celle du soir, les repas écrits à l’avance, la veille, en fonction des chiffres, rien le matin, un café en cas de crise, rien le midi, une compote de pommes le soir avant 18h, et du thé en pagaille, froid, comme le café, et sans sucre.
Vient ensuite ce contre quoi il « faut se battre », les anti-pro, les fringales, les préjugés, les mots à se répéter lorsque l’on se déçoit, d’avoir mangé un abricot à la place de rien, rage, indifférence, grosse, incapable. On termine par la liste des aliments à bannir, chocolat, bonbons, confiture, gâteaux… sucres, viandes, légumes, biscottes, lait, eau.
Puis on allume l’ordinateur, et l’on recopie avec attention les dix commandements de la douce… tu ne mangeras point s’en t’en sentir coupable. Tu enfonceras tes doigts au plus profond de ta gorge pour te punir, puis tu jeûneras tout le lendemain, parce que tu as honte, et te dissuader d’ouvrir la bouche pour avaler quelque bouffe. Tu couperas ta salade verte en morceau, pour faire durer la longueur du repas, et tu la mâcheras, jusqu’à ce que l’habitude de ne plus rien avoir à digérer te fasse lever le cœur à chaque vue de fourchette s’approchant de tes lèvres. Tu resteras au dessus de la cuvette des toilettes, à genoux, sans être capable d’enfoncer tes doigts au fond de ta gorge et de te faire vomir, de cette nourriture qui rend impropre ton corps gras. Tu simuleras un mal de dents, de ventre, pour ne pas manger chez les autres. Tu ne seras jamais assez maigre.
C’est tout çà, ce qui était ma douce.

J’ai repris une feuille de papier, y ai tracé une nouvelle grille.
Je ne sais pas pour quoi.
Le coeur est lourd, me rappelle l’indifférence de ces heures sans sourire, à feindre le silence, la posture debout qui faisait s’accélérer le pouls, et les veillées le soir, pour se cacher du sommeil, s’épuiser un peu plus, pour tenir encore moins, debout, pour perdre toujours plus. Et j’allais courir, m’entraîner, de trop, toujours de trop, en pensant qu’en faisant plus on ne pouvait faire que mieux, toujours, jusqu’au jour, où l’on va trop loin, où l’on trébuche dans la salle de bain, seule, et on se relève, on va s’allonger, on boit de l’eau, on prend une compote, pesée de cent grammes, qui suffit dans cet état à nous ravigoter… j’ai comme envie de pleurer, quand j’y repense, à cette pente vers le bas, j’ai comme envie de comprendre, ce qui mène à çà... comme envie de saisir, la force des mots qui m’en ont sorti, un peu, « oublie que tu dois plaire, oublie que tu veux plaire, néglige que tu es laide »…
J’ai comme envie de me débarrasser de cette lourdeur, que j’écris, qui dure, qui reste, qui est là, qui ne part pas, qui m’est trop tenace…
J’ai comme envie de savoir pour quoi, Aujourd’hui. 

L'envol du rêve

Les maux surgissent
Alors que la douleur ne se faisait plus attendre
Paroles absurdes, liqueur démente
Les mains jointes et le regard criant
Je crayonne à nouveau une page rouge
Un bracelet blanc, un fermoir cassé
Je l’entends me chuchoter
Ces douces promesses d’un temps
Qui m’y replongent.
Doux appel de ces draps, qui enveloppent le corps et l’enserrent
Projetant à la figure des rêves de légèreté
Son idée me brûle mais son amour me tente
Et l’envol du rêve ne fait que commencer.

dimanche 25 avril 2010

Un dessin sur un tronc d'arbre mort

Il m’arrive de relire ces mots d’hier comme un dessin à peine finit sur un tronc d’arbre mort.
Qui étais-tu ? Toi fou d’une plume, abandonnant son monde en croyant celui d’une folle d’alors bien meilleur. Il est de ces mots qui n’étaient là que pour d’autres, un autre, et les tiens destinés à la gueule du monde, sans prétendu interlocuteur, une fiction apaisante d’un cri de langueur.
Et aujourd’hui la parole se tait, laisse le cri s’éteindre, le papier reste vierge, l’encre sèche, les fenêtres sont fermées. On édite de l’ancien, par manque de renouveau, triste fuite du temps où l’inspiration quitte le poète qui alors meurt, accoudé à un bureau de bois, écorchant son coude passif. On offre les mots à ce monde, qui crache dessus, par faute de réel intérêt, par faute de savoir, tout simplement… J’entends alors l’ignorance qui s’exprime, aucun homme jamais ne m’a touché comme tu l’as fait… et pourtant aucune poétesse sur l’étagère, me semble-t-il…  Sur quel autre modèle se baser ? Aucune femme n’a donc jamais lu quelques fleurs du mal ? Je suis triste, triste de ce monde, triste de ces hommes et de ces femmes qui se taisent et qui inventent alors de quoi réjouir le regard pour ne pas avoir l’impression d’être sans mot.  Se taire, tout simplement, devant ce qui nous dépasse. Le geste touche, le mot lui, trompe et dément. J’idéalise un monde où seul le corps serait parlant, le geste, la langue organe et non plus tracée dans un schéma canonique, entre mesures, césures et rimes… Les mots mentent et je te mens à travers eux, ils te mentent, mon Dieu, voilà que j’allusionne… C’est triste, tout ce monde qui se tait.
Aller au-delà de la simple dénotation… rien ne m ‘a jamais plus touché que tes mots est te mentir, mon homme, mon unique, je suis triste, quand je lis ces mots…
Qui étais-je alors ? Petite fille aux pieds esquintés par des courses folles, la nuit, pour fuir le cauchemar d’un autre éveil, encore… crois-tu nos mains inséparables aujourd’hui ? J’écris et je baliverne une autre histoire, m’inventant en nouvelle héroïne, aspergeant comme hier de gerbe tous ces visages qui ne font que parler sans agir, qui se taisent au fond, qui sourient bêtement sans rien avoir à dire…
 
Ils illustrent le silence.

Je m’enterre dans le paradoxe des doigts qui s’acharnent à écrire, écrire tout le mal qu’ils ressentent envers ces mots… sans homonymie, tout, je vois tout, toutes ces erreurs, plus rien n’est simple, plus rien n’est beau, sans le tout intégré, intégré de connaissances, lire, lire et calculer, les lettres se confondent aux nombres, tu sais, cette pureté, je ne la vois plus nulle part, sur aucune page, chaque mot se tache. C’est triste. Je me tais, te regarde, nous vois hier, tout aussi fous aujourd’hui.
C’était beau, tout ce gris, cette atmosphère de l’être toujours dans le besoin de l’autre, de cette main, pour maintenir la tête, nous nous sommes relevés, je crois, c’est bien, peut-être, j’ai toujours besoin de ta main…

samedi 24 avril 2010

Horizon


Je vois parfois entre deux sommeils respirer l’immensité d’un ciel rond et pur.

vendredi 23 avril 2010

Réminiscence d'un flot de conscience

L’évidence est là. Manifeste, dérangeante, décourageante… si prévisible, pourtant. Je me suis trompé de voie, je ne sais alors comment tout arrêter, oser, réagir, récupérer, sauver ce qui de moi peut l’être encore… Des rêves plein la tête, une vie qui ne les permet pas, s’acharner alors, alors que l’écriture est freinée par les belles règles.  Même cette échappatoire là m’est rendu immonde. Et pourtant on continue, comme par défaut, quoi faire autrement ? Autrement que s’illusionner en de longues heures de révisions qui ne sont pas récompensées, on se doit d’exceller, ainsi le veut l’élite, qu’importe notre don dans l’une ou l’autre des matières, multifonctionnels, voilà ce que l’on exige de nous dès lors que l’on se fourgue dans un tel système.  Tout laisser, recommencer, ailleurs, tout, quoi ? Comment ? Se fabriquer une vie un temps soit peu vivable, j’ai comme cette envie de gueuler au monde comme je lui en veut, j’ai comme envie parfois de me séparer de tout ce qui est échec, de tout ce qui me retient et tout recommencer, en prostituant ce qui peut l’être, en déposant de ces lambeaux de merde que cette fausse prude de société inculque aux nouveaux nés. Envie d’emmerder jusqu’au virtuel imaginaire qui dessine en ma tête un animal de joie, qui jappe sa solitude au nez des adoptants, j’en ai juste ras-le-bol de ne plus pouvoir rêver, de m’en sentir coupable, parce qu’en ces jours où le destin de chacun est tracé dans sa poubelle de naissance je ne vois aucun droit au plaisir, aucun droit au désir, aucun temps fait pour çà ni aucune loi les défendant. Impuissance, seul sentiment acceptable, vingt et une années et déjà ce sentiment d’irrémédiable.
C’est horrible, quand j’y pense, toutes ces heures perdues, tous ces coups de gueule en l’air, histoire de purger un peu les neurones. Dites-moi comment écrire je vous dirais comment je vous emmerde. Et comment j’emmerde les compliments, et les sourires feints, et ces cafés en feignant se distraire. C’est la boucherie dehors, et en dedans plus rien à abattre, tout déjà mort, grouillant, je n’ai même plus l’envie de lire, croire embellir les lettres me donne envie de me bourrer la gueule et gerber sur les feuilles fraîchement imprimées de ces mots merdiques, inculqués, j’arrête, je crache, Anna vieux souvenir, merde, les vrais échecs sont rares, j’ai toujours tout gagné à perdre, mon souffle d’abord, mon poids, ma virginité, mon courage maintenant. Je vole. Peut-être devrai-je m’amuser à faire croire aux merdes qu’ils sont le diamant noir. Paroles tant manipulables, les gens sont des pantins, des pointus qui écorchent, des liquides et des merdes, et je hais ce monde, je hais ces gens, je hais cette lâcheté qui m’habite, de ne dire ma rancœur à la gueule des noyés, tous des oiseaux sur l’eau, semblant nager tranquillement, sur des flots paisibles, mais dessous, les pates s’agitent et essoufflent le cœur pour que la tête reste en dehors de cette putain de boue.
Et puis merde.

jeudi 1 avril 2010

Anomalie

 
Je ne suis qu’un décors, transparent et passif,
Qui s’afflige à lui-même le spectacle de son inutilité.
 

dimanche 28 février 2010

Silence pour compagnon

Je n’ai ce soir pour autre compagnon
Que le silence
Et la distance qui alourdit ma tête.
Ignorance de deux êtres qui se perdent par faute
De ne plus se comprendre. L’un lit,
L’autre écrit.
Essuie ses yeux d’une larme qui voulait pendre.
A quand un autre jour, moins lourd
De peine et de défiance ?
A l’avenir je retiendrai mes larmes, alourdies par la faute
Qu’elles ont de couler, vider ce cœur,
Trop lourd, tout est si lourd,
Et je dois vieillir toujours, dois être coupable de n’avoir que vingt ans.
Quand n’aurai-je plus mal ?
Quand comprendra-t-on la profondeur d’où sortent mes cris ?
Je suis jugée
Coupable
Même d’écrire
D’alléger un peu cette douleur dans mon ventre
Il insulte le papier
Il me tarde de m’endormir
Et ne plus rêver
Ni plus penser
Il me tarde
De m’en aller, ailleurs
Nulle part.
Le temps me tue, l’incompréhension, les reproches
Je ne sais plus rien d’autre
Que je dois me taire
Semble-t-il et paraître
Petite fleur
Qui s’arrose de ses larmes et se nourrit encore.

A quoi bon ?
Il se fait tard, maintenant.