mardi 5 mai 2009

La réverbération d'une ampoule

Texte d'après un exercice d'écriture consistant en l'emploi imposé de mots.


Le soleil était haut.   
Je discernais mal les dunes alors que mes yeux s'enfonçaient dans le sable. J'y devinais les empreintes d'un fauve que l'on chasse et poursuit, battu à mort, indifférent à l'homme qui ignore l'ardeur de la bête enceinte sous la protection du désert.
Celui-ci s'avance, se tourne vers l'animal et manie son arme, la lance dans le ventre du félin dont les griffes se rétractent.
Il paraissait étranger.
Il est venu se coucher non loin de moi, ses muscles mouillés se dessinaient sous l'obscurité que trempaient des roses de chaque côté de sa croupe. Je parcouru sa peau, y ai posé ma main.
Sa bouche était grande, me murmurant des paroles d'une vérité certaine. J'ignorai tout de ses yeux, de l'ovale de ses pupilles, je descendais alors jusqu'aux mâchoires épaisses.
Il était une sculpture magnifique.
Je désirais ses formes, souhaitais connaître le terrible de sa silhouette, son dos courbé, son odeur, tout jusqu'au dernier de ses souffles.
Je descendais ma main jusqu'à la fente, l'animal me poussait à m'étendre sur le sol, remonter ma main, la déplacer tout le long de son corps pour enfin m'y poser.
Je ne connaissais pas son langage, il parlait peu.
Je n'ai distingué que la détente de l'arme, sa tête rompue, écrasée à même la terre.
Je me suis avancé, je saisissais tout le mal dans son expression.
Prise au dépourvu, j'étais perdue, seule, sans doute effilée comme les pointes des rebords d'un cercle. Je restais debout dans mon rêve, je n'étais pas parvenu à le rattraper.
L'alignement de nos silhouettes dominait toute la multitude des colonnes des maisons. Autant être libérés, brillant de la réverbération d'une ampoule susceptible de scintiller.
Il était le seul homme qui ait répondu par la plume à l'ombre du soleil.
Ma robe jaune brodée de noir s'agrippait en direction de son existence. Son style était rare comme l'était son identité : un soldat masqué sous le pelage d'une panthère. Un simple homme à la surface verticale d'une guerre.
L'air était plein de sa présence.