jeudi 9 décembre 2010

Abrutissement

J’ai l’impression que le temps m’échappe, que les jours s’allongent sans fin…  que la mort n’est qu’une idée abstraite… que le courant emporte tout et me laisse de côté… que mes suggestions se perdent… que mon travail est lourd… et mes lectures trop longues… je n’y vois pas le bout… j’y vois qu’un lent abrutissement… une collision d’atomes… et des pertes de sang inutiles.
J’y vois des auteurs inconnus et des coups de foudre anonymes, des paroles lancées au hasard qui ricochent sur mes paupières, un subtil abandon, l’inintéressement…  l’ignorance… le courant  m’a laissé… trop lourde de regards sur le monde…
Je me sens parfois malade.
Malade de continuer à apprendre, à espérer, que des lectures agissent comme des anesthésiants.
J’ai mal à imaginer l’enfant entre ses bras, qui délaisseront mon cœur.
La solitude et les hormones ne me valent rien. J’ai des rêves plein la tête et des peines plein le cœur.
J’aurais aimé être Ariane dans Belle du Seigneur, j’aurais aimé monologuer sur tout et rien, m’acheter un chien que j’aurais vu de derrière une vitrine, faire naître les jalousies pour guérir la mienne. Et réussir à vivre.
En avouant que mon existence n’aura servit à rien.