dimanche 25 avril 2010

Un dessin sur un tronc d'arbre mort

Il m’arrive de relire ces mots d’hier comme un dessin à peine finit sur un tronc d’arbre mort.
Qui étais-tu ? Toi fou d’une plume, abandonnant son monde en croyant celui d’une folle d’alors bien meilleur. Il est de ces mots qui n’étaient là que pour d’autres, un autre, et les tiens destinés à la gueule du monde, sans prétendu interlocuteur, une fiction apaisante d’un cri de langueur.
Et aujourd’hui la parole se tait, laisse le cri s’éteindre, le papier reste vierge, l’encre sèche, les fenêtres sont fermées. On édite de l’ancien, par manque de renouveau, triste fuite du temps où l’inspiration quitte le poète qui alors meurt, accoudé à un bureau de bois, écorchant son coude passif. On offre les mots à ce monde, qui crache dessus, par faute de réel intérêt, par faute de savoir, tout simplement… J’entends alors l’ignorance qui s’exprime, aucun homme jamais ne m’a touché comme tu l’as fait… et pourtant aucune poétesse sur l’étagère, me semble-t-il…  Sur quel autre modèle se baser ? Aucune femme n’a donc jamais lu quelques fleurs du mal ? Je suis triste, triste de ce monde, triste de ces hommes et de ces femmes qui se taisent et qui inventent alors de quoi réjouir le regard pour ne pas avoir l’impression d’être sans mot.  Se taire, tout simplement, devant ce qui nous dépasse. Le geste touche, le mot lui, trompe et dément. J’idéalise un monde où seul le corps serait parlant, le geste, la langue organe et non plus tracée dans un schéma canonique, entre mesures, césures et rimes… Les mots mentent et je te mens à travers eux, ils te mentent, mon Dieu, voilà que j’allusionne… C’est triste, tout ce monde qui se tait.
Aller au-delà de la simple dénotation… rien ne m ‘a jamais plus touché que tes mots est te mentir, mon homme, mon unique, je suis triste, quand je lis ces mots…
Qui étais-je alors ? Petite fille aux pieds esquintés par des courses folles, la nuit, pour fuir le cauchemar d’un autre éveil, encore… crois-tu nos mains inséparables aujourd’hui ? J’écris et je baliverne une autre histoire, m’inventant en nouvelle héroïne, aspergeant comme hier de gerbe tous ces visages qui ne font que parler sans agir, qui se taisent au fond, qui sourient bêtement sans rien avoir à dire…
 
Ils illustrent le silence.

Je m’enterre dans le paradoxe des doigts qui s’acharnent à écrire, écrire tout le mal qu’ils ressentent envers ces mots… sans homonymie, tout, je vois tout, toutes ces erreurs, plus rien n’est simple, plus rien n’est beau, sans le tout intégré, intégré de connaissances, lire, lire et calculer, les lettres se confondent aux nombres, tu sais, cette pureté, je ne la vois plus nulle part, sur aucune page, chaque mot se tache. C’est triste. Je me tais, te regarde, nous vois hier, tout aussi fous aujourd’hui.
C’était beau, tout ce gris, cette atmosphère de l’être toujours dans le besoin de l’autre, de cette main, pour maintenir la tête, nous nous sommes relevés, je crois, c’est bien, peut-être, j’ai toujours besoin de ta main…

samedi 24 avril 2010

Horizon


Je vois parfois entre deux sommeils respirer l’immensité d’un ciel rond et pur.

vendredi 23 avril 2010

Réminiscence d'un flot de conscience

L’évidence est là. Manifeste, dérangeante, décourageante… si prévisible, pourtant. Je me suis trompé de voie, je ne sais alors comment tout arrêter, oser, réagir, récupérer, sauver ce qui de moi peut l’être encore… Des rêves plein la tête, une vie qui ne les permet pas, s’acharner alors, alors que l’écriture est freinée par les belles règles.  Même cette échappatoire là m’est rendu immonde. Et pourtant on continue, comme par défaut, quoi faire autrement ? Autrement que s’illusionner en de longues heures de révisions qui ne sont pas récompensées, on se doit d’exceller, ainsi le veut l’élite, qu’importe notre don dans l’une ou l’autre des matières, multifonctionnels, voilà ce que l’on exige de nous dès lors que l’on se fourgue dans un tel système.  Tout laisser, recommencer, ailleurs, tout, quoi ? Comment ? Se fabriquer une vie un temps soit peu vivable, j’ai comme cette envie de gueuler au monde comme je lui en veut, j’ai comme envie parfois de me séparer de tout ce qui est échec, de tout ce qui me retient et tout recommencer, en prostituant ce qui peut l’être, en déposant de ces lambeaux de merde que cette fausse prude de société inculque aux nouveaux nés. Envie d’emmerder jusqu’au virtuel imaginaire qui dessine en ma tête un animal de joie, qui jappe sa solitude au nez des adoptants, j’en ai juste ras-le-bol de ne plus pouvoir rêver, de m’en sentir coupable, parce qu’en ces jours où le destin de chacun est tracé dans sa poubelle de naissance je ne vois aucun droit au plaisir, aucun droit au désir, aucun temps fait pour çà ni aucune loi les défendant. Impuissance, seul sentiment acceptable, vingt et une années et déjà ce sentiment d’irrémédiable.
C’est horrible, quand j’y pense, toutes ces heures perdues, tous ces coups de gueule en l’air, histoire de purger un peu les neurones. Dites-moi comment écrire je vous dirais comment je vous emmerde. Et comment j’emmerde les compliments, et les sourires feints, et ces cafés en feignant se distraire. C’est la boucherie dehors, et en dedans plus rien à abattre, tout déjà mort, grouillant, je n’ai même plus l’envie de lire, croire embellir les lettres me donne envie de me bourrer la gueule et gerber sur les feuilles fraîchement imprimées de ces mots merdiques, inculqués, j’arrête, je crache, Anna vieux souvenir, merde, les vrais échecs sont rares, j’ai toujours tout gagné à perdre, mon souffle d’abord, mon poids, ma virginité, mon courage maintenant. Je vole. Peut-être devrai-je m’amuser à faire croire aux merdes qu’ils sont le diamant noir. Paroles tant manipulables, les gens sont des pantins, des pointus qui écorchent, des liquides et des merdes, et je hais ce monde, je hais ces gens, je hais cette lâcheté qui m’habite, de ne dire ma rancœur à la gueule des noyés, tous des oiseaux sur l’eau, semblant nager tranquillement, sur des flots paisibles, mais dessous, les pates s’agitent et essoufflent le cœur pour que la tête reste en dehors de cette putain de boue.
Et puis merde.

jeudi 1 avril 2010

Anomalie

 
Je ne suis qu’un décors, transparent et passif,
Qui s’afflige à lui-même le spectacle de son inutilité.