dimanche 7 novembre 2010

Le salut de la Renonciation


Il est tant de choses que j’aimerais ne jamais avoir connu.
Tant de choses.

Les bouquins n’y changent rien,
Toujours cette boule dans le ventre.

Je me demande s’il ne vaudrait pas mieux
Tout refaire.

J’aimerais les dévorer un à un,
M’alimenter de leur savoir
Faire un choix parmi l’une de leurs théories
Pour réussir à vivre
Avec toutes ces choses que j’aurais aimé ne jamais avoir connu.

Je ne connais pas la confiance, elle a été abattue.
Celle en l’autre bien plus que la mienne.

Où vais-je ?
Dans ce monde qui m’abrège à coup de solitude.
Et d’incompréhension, de non acceptation.

J’ai conscience de changer.
Au fil du temps et des lectures.
Du travail sur soi.
Mais ce qui se faufile sur le chemin est une longue ligne noire et incolore.
Seule.

Je ne me suis pas encore accomplie que ce chemin me rend réticente à poursuivre.
Alors quoi ? Fermer tous ces livres ?
Quitter l’Amour ?
Plaire à mon seul miroir ?

Pendant que d’autres jamais ne se posent ces questions.
Je crois avoir peur des conséquences  de ce travail sur mes idées. Et donc mes actes.
Parce que si aucune d’elle ne me convainc, ne trouve les mots justes pour me faire accepter les réalités, alors…
Alors… je poursuivrai mon chemin.
N’y étant pas parvenue.
Dans quel état ?
Combien de temps pourrais-je tenir encore ?

Rebelote.
Inutile de dire que tout cela m’accable.
Inutile de dire que cela m’angoisse.
Inutile de dire que pour dormir ce soir je pense aux substances qui m’y aideront.
Inutile.

Quand y parviendrais-je ?
Y parviendrais-je un jour seulement ?
Pour me sauver, moi et puis nous.
Y parviendrais-je ?
Je n’ai plus la force, ces derniers jours.
Et je vois alors la simplicité et le salut de la Renonciation.

samedi 6 novembre 2010

J'ai oublié mon nom



J’ai ouvert les yeux sur des sols sans forêts
J’ai entendu les cris de la biche qu’on massacre
L’éclat de rire du veau mort-né
Et la mer vomir pour nourrir ses poissons affamés

De colère, j’ai oublié mon nom
Les étoiles se sont noyées
Paris est un désert que les rats ont rongé

Je me souviens l’albatros, sans encore d’arbalète, et les feuilles,
Du temps où l’automne signifiait encore quelque chose
Je me souviens d’la fleur que l’on arrose et qui poussait
Hier
De la pelouse rose qui servait de lit
Aux vieux qui crèvent
Parce qu’en ce siècle ils ont faim

Siècle de misère,
De colère, j’ai oublié mes prières
Je me fous du chagrin,
Je n’peux plus que pleurer
Oublier qu’sourire ne m’a pas été donné
Siècle de misère
J’ai des yeux ouverts en grand sur un monde en papier
Que nos mains déchirent, par plaisir,
Et que brûle notre inculture
Ne l’entends-tu pas gémir ?

Aucune satiété
De la fierté la plus virile
A écraser de son pas lourd
La coquille d’un ermite
Vois-tu le monde, son infortune ?
Regarde-le, froissé,
Gerbant
Des toits de briques rouges pour abriter
Toute sa saleté

J’aimerais dormir, dans son poing, enfermée
Et y mourir, asphyxiée,
De bonheur
Si cela se pouvait encore
Je ne sais plus mon nom
Lui-même m’a oublié
Il oubliera ma chanson
Mes paroles

De colère, siècle de prières
J’implore ton éclosion
Pour un pardon, un jet de pierres
Un cri de guerre à l‘unisson
Dis-moi qu’tu m’aimes
Si cela se pouvait encore, je t’entendrais

Siècle de peine, tu m’as tué
Tout ça parce qu’un Dieu bagatelle
Qu’on a crée
Nous a offert
A la naissance
Un gentil paquet de merde à traîner

Et c’était qui, dis-moi,
Ces chiens bâtards qui hurlaient
A la mort
Que la vie c’était de l’art ?
Que le sourire c’était inné ?
Regarde-moi, frère, tous ces cadavres
Je ne sais plus où mettre les pieds

Il n’y a plus qu’la vodka
Pour me faire apprécier
La vie et mon chat
Qui miaule
Et pis y’avait toi, mais t’es parti,
Avant que j’finisse de t’adorer
Mon tout petit

C’était au temps des princes charmants
Qui volaient les princesses sur des ch’vaux blancs
Et ou l’extase des amants
S’passaient de dépendance pornographique

Vois-tu bien ?
La neige est noire sur les pavés
Y’a plus d’animal à caresser
Même les colombes sont crevées,
Un plomb dans l’aile
Y’a d’la poussière qui r’couvre mes yeux
Je ne te vois plus
C’est pourtant pas l’froid qui manque
C’est ma mémoire

J’ai oublié mon nom
Je le lisais dans le ciel
Mais même lui s’est fané
Mort de tristesse
Quand les étoiles se sont noyées.

Je vis sur ma planète.